Tout savoir sur Chuseok (추석), LA fête coréenne

Fête traditionnel de Chuseok en Corée, l'essentiel à savoir
©La Corée en Lumière

La fête coréenne Chuseok est l’une des célébrations les plus importantes en Corée. Cette fête de la moisson réunit les familles chaque année autour de rituels ancestraux et de repas traditionnels. Chuseok, qui se déroule le 15jour du huitième mois lunaire, célèbre la gratitude envers les ancêtres et l’abondance des récoltes. Entre cérémonies, offrandes et festins, Chuseok incarne un moment fort de l’année en Corée du Sud. Dans cet article, approfondissez vos connaissances en culture traditionnelle de Corée en découvrant différentes facettes de cette fête emblématique coréenne, ses origines, ses traditions et son évolution à travers le temps.

Qu’est-ce que Chuseok ?

Chuseok (추석 en coréen), également connue sous le nom de Hangawi (한가위), est l’une des fêtes les plus importantes en Corée. Elle est célébrée le 15jour du huitième mois lunaire, ce qui correspond généralement à septembre ou octobre dans le calendrier grégorien. Il s’agit d’une fête de la moisson (récolte), de réunion familiale et de gratitude envers les ancêtres. Chuseok est souvent comparée au Thanksgiving des États-Unis au point d’être parfois appelée le Thanksgiving coréen.

En 2024, Chuseok se déroulera du lundi 16 septembre au mercredi 18 septembre.

Sens du mot Chuseok

Le mot Chuseok se décompose en deux parties : « chu » (추) signifiant automne et « seok » (석) dont le sens est soir. Par conséquent, Chuseok signifie littéralement « soirée d’automne » et est souvent interprété comme la nuit où la lune est la plus belle en automne, soulignant ainsi l’importance de la pleine lune lors de cette fête.

Une autre théorie suggère qu’il s’agit d’une contraction des termes chinois « jungchu » (중추, pour « milieu de l’automne ») et « wolseok » (월석, pour « nuit de pleine lune »).

Caractéristiques principales de Chuseok

  • Fête familiale. Les familles se réunissent pour honorer leurs ancêtres à travers des rites appelés « charye » (차례).
  • Repas traditionnels. On partage un festin traditionnel composé de plats spéciaux comme les « songpyeon » (송편), des gâteaux de riz en forme de demi-lune.
  • Gratitude pour les récoltes. Marquant la fin des moissons, Chuseok est l’occasion de remercier pour les bonnes récoltes tout en profitant de la pleine lune la plus lumineuse de l’année.

Comparaison avec Seollal

En Corée, l’année est traditionnellement marquée par deux grandes fêtes nationales : Chuseok et Seollal (설랄, le Nouvel An lunaire coréen). Ces deux fêtes sont l’occasion pour les familles de se réunir, souvent dans leur ville natale, pour partager un festin traditionnel et rendre hommage à leurs ancêtres. Ces déplacements sur longue distance font constamment la une des journaux du fait d’embouteillages routiers en Corée du Sud.

Chuseok et Seollal sont également l’occasion de vacances nationales. En plus des jours fériés, les Coréens bénéficient de plusieurs jours de congé pour se reposer et participer aux célébrations.

Les origines de Chuseok

Selon une théorie populaire, Chuseok trouverait son origine dans une fête appelée « gabae » (가배) célébrée sous la dynastie Silla (-57–935). Le roi Yuri Isageum (유리 이사금, le troisième roi de Silla qui a régné de 24 à 57 après J.-C.) a divisé les six tribus de Silla en deux groupes, chacun dirigé par une de ses filles. À partir du 16jour du septième mois lunaire, les femmes de chaque groupe se réunissaient chaque matin pour tisser et coudre jusqu’à tard dans la nuit. Le 15jour du huitième mois lunaire, les résultats de leur travail étaient comparés, et le groupe vainqueur était célébré avec de la nourriture, des boissons, des chants, des danses et divers jeux. Cet évènement était appelé gabae.

Tombe du roi Yuri de Silla (©Namuwiki).
Tombe du roi Yuri de Silla (©Namuwiki).

Les influences chamaniques et bouddhistes

Chuseok reflète des influences à la fois chamaniques et bouddhistes dans ses rituels et célébrations.

Le chamanisme coréen (무속, musok), centré sur la réussite matérielle et les bénédictions, se manifeste dans les jeux et rituels de Chuseok. Des activités, comme le tir à l’arc et la lutte coréenne (씨름, ssireum) symbolisent la protection contre la malchance et la garantie de bonnes récoltes. De plus, la coutume de visiter les tombes ancestrales, souvent situées en montagne, s’inspire de la croyance chamanique selon laquelle les montagnes sont des lieux sacrés où résident les esprits.

Le bouddhisme (불교, bulgyo), bien que moins explicitement lié à Chuseok, a influencé certaines pratiques religieuses coréennes. Les prières pour les ancêtres et les bénédictions rappellent les pratiques bouddhistes de dévotion. Par ailleurs, la tradition d’offrir de la nourriture aux ancêtres, centrale à Chuseok, peut avoir été influencée par l’importance des offrandes dans le bouddhisme, où partager de la nourriture est un acte de gratitude et de mérite.

Les différents noms de Chuseok

Voici une présentation de différents autres noms de Chuseok :

  • Chuseok (추석), nom d’origine chinois signifiant « soirée d’automne » et faisant référence à la pleine lune de cette fête.
  • Hangawi (한가위), nom purement coréen qui signifie « grande fête du milieu du mois ». Il met l’accent sur l’aspect festif et joyeux des récoltes.
  • Junchujeol (중추절), nom qui signifie « fête du milieu de l’automne ». Il vient de la division de l’automne en trois partie : début, milieu et fin. Chuseok tombant au milieu du 8mois lunaire, soit au milieu de l’automne.
  • Jungchugajeol (중추가절), une variante de « jungchujeol » avec l’ajout du mot « ga » (가) qui veut dire « beau » ou « bon ».
  • Gabae (가배), transcription en caractère chinois du mot coréen « gawi ».
  • Gabaeil (가배일), une autre forme du nom « gabae », avec le suffixe « ‑il » (일) qui signifie « jour ».

Les rituels et cérémonies de Chuseok

Fête des récoltes en Corée, Chuseok est riche en rituels et cérémonies qui honorent les ancêtres et célèbrent l’abondance de la récolte. En voici une présentation.

Beolcho et seongmyo, la visite des tombes

Avant Chuseok, les familles se rendent aux tombes ancestrales pour le beolcho (벌초), le nettoyage des tombes. Il s’agit d’enlever les mauvaises herbes, de balayer les feuilles mortes et d’entretenir les lieux pour accueillir les ancêtres dans un environnement propre et respectueux. Ce rituel est considéré comme un devoir filial important et un signe de respect envers les générations passées. Laisser une tombe à l’abandon est perçu comme un signe de négligence et de manque de respect envers ses ancêtres.

Beolcho, nettoyage des tombes pour Chuseok (©코리아나).
Beolcho, nettoyage des tombes pour Chuseok (©코리아나).

Le jour de Chuseok, les familles retournent aux tombes pour le seongmyo (성묘). Ce rituel est un moment solennel qui peut inclure des prières ou des chants. Les familles s’inclinent devant les tombes, présentent des offrandes de nourriture et de boissons, et partagent un moment de recueillement en mémoire de leurs ancêtres.

Seongmyo hommage aux ancêtres sur leurs tombes en Corée pour Chuseok (©Yonhap News).
Seongmyo hommage aux ancêtres sur leurs tombes en Corée pour Chuseok (©Yonhap News).

Charye, la cérémonie aux ancêtres

Le charye (차례) est une cérémonie d’offrandes aux ancêtres, le point central des célébrations de Chuseok. Les familles préparent avec soin un éventail de plats traditionnels, notamment le songpyeon (송편), un gâteau de riz en forme de demi-lune, mais aussi des fruits fraîchement récoltés. Le tout est disposé sur un autel dédié aux ancêtres.

Présentation de la table des rites ancestraux traditionnels et les rites cérémoniaux avec des modèles par Cho Yoon-joo, directeur de la promotion de l'expérience Food Master à la Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation (©Yonhap News).
Présentation de la table des rites ancestraux traditionnels et les rites cérémoniaux avec des modèles par Cho Yoon-joo, directeur de la promotion de l’expérience Food Master à la Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation (©Yonhap News).

Généralement, les plats sont disposés avec soin selon un ordre spécifique : les mets sucrés devant et les plats salés derrière. La présentation des offrandes est codifiée par des règles ancestrales transmises de génération en génération. Cependant, d’une famille à une autre ou d’une région à une autre, il peut exister des variations dans ces règles transmises.

Le charye est l’occasion pour les familles de témoigner leur gratitude envers leurs ancêtres et de solliciter leur bénédiction pour l’année à venir.

Importance et perpétuation des traditions

Ces rituels ancestraux sont profondément ancrés dans la culture coréenne. Ils renforcent les liens familiaux en réunissant les générations présentes et passées. La transmission de ces traditions aux jeunes générations est essentielle pour leur perpétuation. C’est pourquoi les Coréens apportent très généralement une grande importance au respect de ces traditions, en particulier dans les zones rurales où le lien avec la terre et les ancêtres est plus palpable.

D’ailleurs, des études ethnographiques montrent que, même dans les familles urbaines, les enfants sont initiés aux coutumes de Chuseok dès leur plus jeune âge, renforçant ainsi leur sentiment d’appartenance culturelle.

La nourriture typique de Chuseok

Que ce soit pour les offrandes ou pour le festin familial, la nourriture se place au centre de la fête de Chuseok. Les principaux plats traditionnels de Chuseok sont les suivants.

Le songpyeon, star de Chuseok

Le gâteau de riz songpyeon (송편) est l’élément incontournable de la table de Chuseok. Sa forme de demi-lune symbolise la lune et l’abondance de la récolte. Traditionnellement préparé avec de la farine de riz gluant et farci de pâte de haricots rouges, de sésame, de châtaignes ou d’autres ingrédients de saison, le songpyeon est cuit à la vapeur sur des aiguilles de pin. Cette cuisson lui confère un arôme unique.

Le processus de fabrication du songpyeon est un rituel familial où chaque membre participe, renforçant ainsi les liens familiaux.

Songpyeon (©jinho park).
Songpyeon (©jinho park).

Le jeon (전)

Ce mets polyvalent, qui se présente sous la forme d’une crêpe salée, est un élément essentiel des repas festifs coréens, y compris Chuseok. Si la farine de blé et l’œuf sont les ingrédients de base des jeons, la crêpe coréenne peut énormément varier en fonction des ingrédients utilisés. Les recettes les plus populaires sont :

  • Pajeon (파전) à base de ciboulette coréenne (pa, 파). C’est l’une des variétés les plus courantes et appréciées.
  • Haemul pajeon (해물파전) est la version fruits de mer (crevettes, calamars, moules) du pajeon.
  • Kimchi jeon (김치전) à base de kimchi, choux fermenté et piquant à la coréenne.
  • Gamja jeon (감자전) à base de pommes de terre râpées. On peut y ajouter de l’amidon de pommes de terre (감자 전분) pour obtenir une texture différente.
  • Yachae jeon (야채전) à base de divers légumes (carottes, courgettes, oignons). Elle est aussi très appréciée.
  • Gochu jeon (고추전) à base de piments verts et de viande hachée. Les piments verts sont farcis avec de la viande hachée, puis enrobée de pâte et frits, créant un contraste entre le piquant et le salé.

On accompagne le plus souvent les jeons de sauces à base de soja et de vinaigre. Les crêpes coréennes sont parfaites pour les repas familiaux de Chuseok.

Jeon (©bhofack2).
Jeon (©bhofack2).

Le japchae (잡채)

Ce plat coloré et savoureux est un classique de Chuseok. Le japchae se compose de nouilles de patate douce (dangmyeon) sautées avec un assortiment de légumes, de champignons et de viande. L’harmonie des couleurs et la variété des ingrédients qui composent le japchae reflètent la richesse et l’abondance de la récolte.

Japchae (©hot8030).
Japchae (©hot8030).

Le toran-guk (토란국)

Il s’agit d’une soupe réconfortante à base de taro (토란, toran), de bœuf et de légumes emblématiques de Chuseok. Le taro, légume racine de saison, est apprécié pour sa texture fondante et sa saveur douce qui se marie à merveille avec le bouillon savoureux de la soupe.

Toran-guk (©Maangchi).
Toran-guk (©Maangchi).

Le galbijjim (갈비찜)

Ce plat riche et savoureux, à base de côtes de bœuf braisées dans une sauce soja sucrée et parfumée, est réservé aux grandes occasions comme Chuseok. Copieux et festif, ce mets symbolise l’abondance et la prospérité. La préparation du galbijjim demande du temps et de la patience, la viande étant longuement marinée puis braisée jusqu’à ce qu’elle soit tendre et imprégnée de saveurs.

Galbijjim (©GEOLEE).
Galbijjim (©GEOLEE).

Divertissements et activités traditionnelles de Chuseok

Chuseok, en plus d’être une période de rituels ancestraux et de festins familiaux, est également rythmée par des divertissements et activités traditionnelles qui contribuent à l’atmosphère festive.

Jeux traditionnels

  • Yutnori (윶놀이). Le yutnori est un jeu de société traditionnel coréen qui remonte à l’époque des Trois Royaumes de Corée (-57–668), où il était pratiqué pour renforcer les liens familiaux et invoquer la chance pour la nouvelle année. Aujourd’hui, il est encore très populaire pendant les fêtes, y compris Chuseok. Il se joue avec quatre bâtons en bois et implique une part de chance et de stratégie.
  • Ssireum (씨름). La lutte traditionnelle coréenne est un autre divertissement apprécié pendant Chuseok. Pratiqué depuis l’Antiquité, le ssireum symbolise la force et l’endurance, des qualités également recherchées pour assurer une bonne récolte.

Danses et spectacles

  • Ganggangsullae (강강술래). Cette danse coréenne traditionnelle remonte à la période Joseon (1392–1910) et est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Elle est particulièrement associée à Chuseok. Les femmes, vêtues de hanbok (tenue traditionnelle), forment un cercle sous la pleine lune et chantent en exécutant des mouvements gracieux. Le ganggangsullae est non seulement un divertissement, mais aussi un rituel qui célèbre la récolte et invoque la bonne fortune.
  • Samulnori (사물놀이). Le samulnori est une musique traditionnelle coréenne percussive. Souvent jouée lors des festivités, y compris Chuseok, elle met en scène quatre instruments de percussion traditionnels, le kkwaenggwari, le janggu, le buk et le jing. Elle crée alors une ambiance dynamique et festive. Originaire des rituels agricoles, le samulnori reflète la connexion profonde entre les cycles de la nature et les pratiques communautaires en Corée.
« K‑Performance Series(8) Ganggangsullae (Women’s Circle Dance) » ©Youtube KCCLA.

Rôle dans l’ambiance festive

Les jeux, les danses et les spectacles traditionnels jouent un rôle crucial dans l’atmosphère joyeuse de Chuseok. Ils offrent aux familles et aux communautés des occasions de se réunir, de partager des moments de divertissement et de célébrer ensemble l’abondance de la récolte. Le ganggangsullae, par exemple, est décrit comme une danse qui « incorpore non seulement une signification de jeu simple, mais aussi une signification religieuse pour prier pour une récolte abondante et des bénédictions » (National Archives of Korea).

L’évolution de l’abondance célébrée à Chuseok

Si Chuseok célébrait traditionnellement l’abondance des récoltes, la fête a évolué pour englober une notion d’abondance plus large, reflétant les changements dans la société coréenne.

L’abondance agricole

Aujourd’hui encore, Chuseok marque la fin des récoltes et est l’occasion de remercier les ancêtres pour l’abondance des produits de la terre, notamment pour les travailleurs de la terre. Les offrandes de nourriture, comme le songpyeon (gâteau de riz préparé avec les nouvelles récoltes), symbolisent cette abondance et la gratitude envers la nature. De leur côté, les jeux traditionnels et autres divertissements traditionnels sont aussi liés à l’esprit de la récolte et de la force physique.

L’abondance moderne

Les traditions liées à la récolte restent évidemment importantes pour tout le monde, mais Chuseok célèbre aujourd’hui une abondance plus globale.

  • L’abondance familiale. Le rassemblement des familles, souvent séparées par la distance, est au cœur de la célébration moderne de Chuseok. Les repas partagés, les jeux et les activités communes renforcent les liens familiaux et célèbrent l’unité.
  • L’abondance spirituelle. Les cérémonies ancestrales, comme le charye (cérémonie d’offrande aux ancêtres) et le seongmyo (visite aux tombes ancestrales) rappellent l’importance du lien avec les générations passées et la continuité de la famille au-delà de la mort.
  • L’abondance matérielle. Dans la Corée moderne, Chuseok est devenue une période de consommation et d’échanges de cadeaux, avec des repas somptueux. En effet, les familles préparent une variété de plats et partagent de la nourriture de qualité, symbolisant la prospérité moderne et la réussite matérielle.

Chuseok, tout en restant ancré dans ses racines agricoles, a évolué pour célébrer une abondance multiforme qui englobe la famille, la spiritualité et la prospérité matérielle.


Sources :

  • Lim Dong-kwon. (consulté le 12/09/2024). 추석 (秋夕) (Chuseok). 한국민족문화대백과 (Encyclopedia of Korean Culture).
  • Yoon Hyeongho. (consulté le 12/09/2024). 추석 명절음식 즐겁게 맛있게 먹기 (Manger joyeusement et délicieusement les plats de fête de Chuseok). 농촌진흥청 (Administration du développement rural).
  • (16/08/2023). 추석 뜻과 풍습 (Signification et coutumes de Chuseok). Home-learn.
  • (consulté le 12/09/2023). 추석 명절. National Archives of Korea.
  • (consulté le 12/09/2023). 추석 (Chuseok). Namuwiki.
  • (consulté le 12/09/2023). 추석 (Chuseok). 위키배과 (Wikipedia).

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