Législatives 2024 (Corée du Sud) : victoire écrasante de l’opposition

Le 10 avril dernier, un tournant majeur s’est opéré dans le paysage politique sud-coréen. Les résultats des élections législatives ont marqué une défaite significative pour le parti au pouvoir (PPP). L’opposition a pris le dessus avec une majorité suprême à la 22^e Assemblée nationale. Cette victoire de l’opposition menée par Lee Jae-myung remodèle profondément le tableau politique et ouvre les portes à de nouveaux défis et dynamiques dans la gouvernance du pays. Découvrons les résultats détaillés de ces élections et quelques-une de leurs conséquences pour le président Yoon Suk-yeol et la Corée du Sud.

Résultats des législatives 2024 en Corée du Sud

Le président Yoon Suk-yeol et son gouvernement ont perdu le contrôle de l’Assemblée nationale. Le parti au pouvoir, le PPP (Parti du pouvoir du peuple), n’a en effet plus la majorité. La Commission nationale des élections (NEC) a confirmé la victoire écrasante des partis de l’opposition qui ont obtenu 192 sièges sur les 300 du Parlement. Le Parti démocrate (PD) est le parti de l’opposition ayant remporté le plus de sièges (175 dont 14 aux proportionnelles).

Voici le tableau récapitulatif des résultats des législatives 2024 :

Dans le détail pour les partis divers :

• le PRC (Parti de la reconstruction de la Corée) a obtenu 12 sièges au scrutin proportionnel ;
• le NPR (Nouveau parti de la réforme) a obtenu 3 sièges dont 2 à la proportionnelle ;
• le PP (Parti progressiste) et le PNA (Parti nouvel avenir) ont obtenu chacun 1 siège au scrutin majoritaire.

Conséquences de la perte de la majorité aux législatives 2024

La perte de la majorité pour le parti au pouvoir entraîne différentes conséquences, parfois directes.

Démission du Premier ministre et des conseillers

Tout d’abord, le Premier ministre Han Duck-soo et tous les conseillers présidentiels ont présenté leur démission au président Yoon. Charge au président de la République de Corée d’accepter ou non ces démissions.

Également, le chef par intérim du PPP, Han Dong-hoon, a démissionné de son poste pour prendre l’entière responsabilité de la défaite du parti.

Discours pacifique et unificateur

Au lendemain du vote des législatives du 10 avril, le Premier ministre démissionnaire déclarait lors d’une réunion du cabinet présidentiel : « Le gouvernement prendra note avec humilité de l’opinion publique exprimée lors des élections législatives, reviendra sur l’ensemble des affaires gouvernementales pour déterminer s’il y a des points où il n’a pas été à la hauteur des attentes de la population, et dédiera davantage d’efforts au retour du bien-être économique de la population et à l’avancement des travaux de réforme pour le futur de la Corée du Sud ».

Il avait ajouté : « Nous dialoguerons plus souvent et collaborerons plus étroitement avec la 22e Assemblée nationale qui sera nouvellement constituée, et nous suivrons la volonté du peuple en étant partenaires avec l’Assemblée nationale de la gestion de l’État. »

Les conséquences dans le temps

Les répercussions les plus importantes se verront durant les trois années de mandat restant au président Yoon.

• Il devra faire face à une opposition en position de force avant de pouvoir mettre en œuvre les politiques qu’il désire.
• Ses propositions législatives rencontreront bien plus d’obstacle qu’auparavant, obligeant ainsi le président et son parti de négocier davantage pour faire passer des lois.
• Aussi, tous les projets de réforme actuels seront retardés, voire bloqués. On peut par exemple penser aux exercices militaires menés conjointement avec les États-Unis ou à la politique menée concernant les relations avec la Corée du Nord.

Et, l’un des scénarios les plus catastrophiques pour le président de Corée du Sud est de se retrouver face à une mesure de destitution comme ce fut le cas pour Park Geun-hye en 2017. En effet, quasiment plus rien ne peut empêcher les députés de l’opposition de réclamer des examens judiciaires pour différentes décisions ou divers actes estimés contraires à la constitution, la loi et la morale.

Présentation et fonctionnement de l’Assemblée nationale coréenne

L’Assemblée nationale (국회, gukhoe en coréen) est constituée de 300 sièges occupés par des députés (의원, uiwon). 254 sièges sont attribués par des élections directes dans des circonscriptions uninominales, et 46 sièges sont désignés par représentation proportionnelle. Voici d’autres caractéristiques de l’Assemblée nationale de Corée du Sud :

• Les élections législatives ont lieu tous les quatre ans et la participation est généralement élevée. À la mi-journée du 10 avril 2024, le taux de participation était de 56,4 %.
• Pour voter, les citoyens doivent avoir au moins 18 ans, même si la majorité civile est à 19 ans (calendrier international).
• L’Assemblée nationale joue un rôle crucial dans la législation, l’approbation du budget et la surveillance du gouvernement. Elle peut aussi influencer la politique du gouvernement en examinant et en modifiant les propositions de loi.
• Un changement significatif dans la composition de l’Assemblée (comme ici) peut entraîner des ajustements majeurs dans la politique gouvernementale.

Sources : Yonhap News, KBS World.