Face aux dynamiques mondiales où la population tend généralement à croître, la démographie de la Corée du Sud se distingue par une problématique singulière : elle décline. Ce phénomène s’ajoute à celui du vieillissement rapide de la population. Tous deux posent des défis sans précédent pour le développement socio-économique du pays.
Vous avez besoin de données récentes sur la démographie sud-coréenne ? Vous souhaitez mieux appréhender la société coréenne en vous basant sur des statistiques sûres ?
Dans cette étude sur la population, nous avons rassemblé pour vous les dernières données du Service d’information statistique coréen (KOSIS) sur quelques points essentiels de la démographie de la Corée de Sud.
Les chiffres clés de la démographie de la Corée du Sud
Les chiffres présentés dans cet article sont les derniers publiés par KOSIS et KOSTAT à la date du 23/04/2024.
| Démographie de la Corée du Sud en 2022 | |
| Population | 51 692 272 |
| Densité (habitants/km²) | 514,60 |
| Évolution de la population (par rapport à 2021) | -0,19 % |
| Taux de fécondité | 0,78 % |
| Taux brut de natalité | 4,90 % |
| Taux brut de mortalité | 7,30 % |
| Âge médian | 44,9 ans |
| Hommes | 43,6 ans |
| Femmes | 46,4 ans |
| Espérance de vie | 82,7 ans |
| Hommes | 79,9 ans |
| Femmes | 85,6 ans |
Démographie de Corée du Sud : la population
En 2022, la population totale résidant en République de Corée était de 51 692 272 de personnes.
Évolution de la population sud-coréenne
En 1925, durant la colonisation japonaise, on estimait à environ 19 millions le nombre d’habitants dans la péninsule coréenne. En 1960, après la Guerre de Corée, on comptait 24,99 millions de personnes en Corée du Sud. Jusqu’en 1990, la population sud-coréenne a connu une franche augmentation de plus de 15 % tous les 10 ans.
S’en était suivi un ralentissement entre 1990 et 2010 avec seulement 10,60 % de hausse sur la période de 20 ans pour atteindre 47,99 millions d’habitants. La population s’est ensuite stabilisée autour de 51 millions d’habitants à partir de 2015. Puis, le premier déclin démographique est intervenu entre 2020 et 2021 avait une baisse globale de 91 065 habitants (-0,18 %), en grande partie expliquée par une natalité trop faible.
💡 Nous rappelons que la Corée du Sud (République de Corée) est un pays fondé le 15 août 1948. Ces chiffres concernent donc uniquement la moitié sud de la péninsule coréenne qui a été divisée en deux après la libération du royaume de Joseon en 1945.
Structure démographique selon l’âge
En 2022, la structure démographique selon l’âge est la suivante :
- La population en âge de travailler (15–64 ans) était de 36,69 millions de personnes. Soit 71 % de la population totale, et une baisse 0,7 % (-258 000) par rapport à 2021.
- La population âgée de 65 ans et plus était de 9,15 millions de personnes. Soit 17,7 % de la population totale, et une hausse de 5,1 % (+440 000) par rapport à 2021.
- La population âgée de 0 à 14 ans était de 5,86 millions de personnes. Soit 11,3 % de la population totale, et une baisse de 3,7 % (-228 000) par rapport à 2021.
Les déplacements de population
La Corée du Sud compte 17 districts administratifs (que nous appellerons provinces) divisés en villes spéciales, villes métropolitaines et provinces. 10 provinces ont enregistré une diminution de leur population entre 2021 et 2022.
| Évolution de la population par province entre 2021 et 2022 | |
| Sejong | 4,50 % |
| Incheon | 1,10 % |
| Cheongnam-do | 0,80 % |
| Jeju-do | 0,80 % |
| Gyeonggi-do | 0,50 % |
| Gangwon | 0,40 % |
| Cheongbuk-do | 0,00 % |
| Jeonnam-do | -0,40 % |
| Daejeon | -0,40 % |
| Gwangju-do | -0,40 % |
| Gyeonbuk-do | -0,60 % |
| Seoul | -0,60 % |
| Jeonbuk-do | -0,70 % |
| Gyeongnam-do | -0,80 % |
| Busan | -0,90 % |
| Daegu | -0,90 % |
| Ulsan | -0,90 % |
Nous constatons donc que ces dernières années les Sud-Coréens ne migrent plus autant que dans le passé vers la région du Gyeonggi et de Séoul. D’ailleurs, la capitale n’attire plus autant, et sa population a plutôt tendance à régresser. Cela s’explique en grande partie par le prix de l’immobilier, celui des études et le très faible taux de fécondité (abordé plus bas).
Répartition et densité de la population par province
On peut diviser la répartition de la population en 5 groupes :
- Le premier est constitué de la ville de Séoul (9,42 millions) et la province de Gyeonggi-do (13,72 millions). Elles totalisent à elles deux 23,14 millions d’habitants (44,76 % de la population totale de la Corée du Sud).
- La province de Gyeongsangnam-do et la ville de Busan avec près de 3,3 millions d’habitants chacune.
- Incheon, Daegu, Gyeongsangbuk-do et Chungcheongnam-do avec une population variant de 2,19 à 2,99 millions d’habitants.
- Jeollabuk-do, Jollanam-do, Chungheongbuk-do, Gangwon-do, Daejon, Gwangju et Ulsan avec une population variant de 1,11 à 1,77 million d’habitants.
- La province autonome de Jeju-do (676 375) et la ville spéciale de Sejong (382 589).
💡 Densité de population : c’est le rapport entre le nombre moyen d’habitants et la superficie de la zone.
Du côté de la densité de population*, l’ordre est changé du fait de plusieurs facteurs, tels que la différence entre les superficies et reliefs montagneux entre chaque province. Ainsi, la ville de Séoul enregistre la densité de loin la plus importante avec 15 560,7 habitants/km². La deuxième ville de Corée, Busan, se retrouve en deuxième place, mais loin derrière avec une densité de 4 272,8 habitants/km². La province ayant la densité la plus faible est Gangwon-do avec 90,8 habitants/km².
Les ménages sud-coréens
En 2022, la Corée du Sud comptait 22,38 millions de ménages, soit une augmentation de 1,6 % (+ 360 000) par rapport à 2021. Le taux de croissance annuel moyen des ménages entre 1980 et 2022 a légèrement évolué passant de 3,4 % en 1980 à 1,6 % en 2022, avec un léger rebond durant la période de crise sanitaire de covid-19. Cela a conduit à une augmentation de ménages dans cette période, passant de 7,98 millions de ménages à en 1980 à 22,38 millions en 2022.
Mais le fait le plus remarquable réside en la composition des ménages qui a nettement évolué.
Au fil des années, le nombre de ménages constitués de 1 ou 2 personnes (couples sans enfant ou colocataires) a beaucoup augmenté. A contrario, le nombre de ménages de plus de 3 personnes a baissé, notamment en ce qui concerne les ménages à 4 personnes ou plus qui connaissent les plus fortes baisses. Ceci s’explique par un changement relativement brutal des comportements sociétaux des Sud-Coréens. Ils sont de plus en plus nombreux à quitter le foyer parental pour vivre seuls, et ils sont de moins en moins nombreux à fonder une famille. Un constat qui va à l’encontre des traditions confucéennes qui incitaient, entre autres :
- les jeunes adultes à rester chez leurs parents tardivement tant qu’ils n’étaient pas mariés ;
- à se marier pour fonder une famille avec des enfants.
Les chiffres de la natalité
Depuis 1960, la Corée du Sud connaît une diminution du taux de fécondité* et du taux brut de natalité*. Il en découle aujourd’hui une baisse de la démographie de la Corée du Sud.
💡 « Le taux de fécondité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à l’ensemble de la population féminine en âge de procréer » (Insee). La population concernée est âgée de 15 à 49 ans. Et ce taux est exprimé en nombre d’enfants par femme.
« Le taux de natalité [ou taux brut de natalité] est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à la population totale moyenne de l’année » (Insee). Il est exprimé en nombre de naissances vivantes pour 1 000 habitants.
Faible taux de fécondité
En 1960, le taux de fécondité du pays était de 6,16 enfants par femme. Il a ensuite graduellement baissé les années suivantes jusqu’à descendre sous le seuil de 2,1 préconisé par l’OCDE pour garantir la stabilité de la population, avec un indice à 2,06 en 1983. Globalement, le taux de fécondité a continué de baisser jusqu’à aujourd’hui en battant les records chaque année. En 2022, il était de 0,78 puis 0,72 l’année suivante.
Ces faibles taux ont conduit le pays à une baisse démographique dès 2020 avec 32 611 habitants de moins que l’année précédente.
Le nombre de naissances
Il y a toujours des naissances, mais en nombre insuffisant pour compenser le nombre de décès. Le nombre de naissances vivantes* à l’année a été divisé par deux entre 2012 (484 550) et 2022 (249 186), alors que le pays connaissait plus d’un million de naissances vivantes chaque année entre 1959 et 1971.
💡 Nombre de naissances : nous faisons toujours référence au nombre de naissances vivantes, même si cela n’est pas toujours précisé. Selon le glossaire d’Eurostat, « est qualifiée de naissance vivante toute naissance d’un enfant montrant un quelconque signe de vie », par opposition aux naissances d’enfants mort-nés.
Dans le détail, selon le rapport Birth Statistics in 2022 de KOSTAT, la baisse du nombre de naissances vivantes est particulièrement constatée chez les femmes âgées de 25 à 34 ans.
| 2017 | 2020 | 2022 | |
| 25~29 ans | 47,9 | 30,6 | 24 |
| 30~34 ans | 97,7 | 78,9 | 73,5 |
| 35~39 ans | 47,2 | 42,3 | 44,1 |
On peut aussi préciser la parité pratiquement égale entre les deux sexes. En 2022, nous constatons la naissance de :
- 121 732 filles ;
- 127 454 garçons.
La natalité par province
Le taux de fécondité varie fortement selon les provinces. La ville autonome spéciale de Sejong détient l’indice le plus élevé avec 1,12 enfant par femme en 2022. Et la capitale Séoul détient le record du taux de fécondité le plus bas du pays avec 0,59 enfant par femme la même année. Soit 47 % de moins que Sejong.
En ce qui concerne le nombre de naissances vivantes, la province de Gyeonggi-do a enregistré 75 323 naissances alors que la ville de Sejong en a enregistré seulement 3 209. Mais ces chiffres sont à mettre en corrélation avec le nombre d’habitants, puisque Gyeonggi-do compte environ 13,7 millions d’individus alors que la population de Sejong est 382 589 personnes.
Perspectives de la démographie de la Corée du Sud
Selon le KOSIS, la population mondiale devrait passer de 7,97 milliards de personnes en 2022 à 10,3 milliards en 2070. Pendant ce temps, la population de Corée du Sud devrait chuter à 38 millions de personnes en 2070, soit une baisse de 14 millions de personnes sur moins de 50 ans.
Au-delà de ces chiffres, il est important de noter que la démographie de la Corée du Sud est en pleine mutation. Et, les différentes projections, même les moins alarmantes, interrogent beaucoup les politiques et les institutions du pays qui s’inquiètent sur le devenir de la Corée.
Structure démographique en mutation
Malgré une projection plus positive du taux de fécondité, avec un indice de 1,21 en 2050 pour le scénario moyen, l’âge médian de la population augmentera conséquemment. Par conséquent, la Corée du Sud connaîtra un fort vieillissement de sa population, comme l’indique la pyramide des âges projetée pour 2050 en forme de champignon.
(2020~2050) (©KOSTAT).
Et, la tendance s’aggravera dans le temps comme l’indique cette projection jusqu’en 2070 de la structure démographique de la Corée du Sud.
South Korea (©KOSTAT).
- La part des personnes en âge de travailler passera donc de 71 % en 2022 à 46,1 % en 2070.
- La part des personnes âgées de plus de 65 ans sera de 46,4 % en 2070 contre 17,5 % en 2022.
Les conséquences de la dégradation démographique
Si des mesures adéquates ne sont pas rapidement adoptées, les conséquences négatives pour la Corée du Sud pourraient être multiples et significatives. Parmi celles-ci on peut citer :
- Le vieillissement de la population met sous pression les systèmes de santé et de retraite, nécessitant des hausses d’impôts et de cotisations sociales.
- La baisse du nombre de personnes en âge de travailler peut impacter la productivité et la croissance économique.
- Le changement des valeurs et des priorités sociétales.
- Des zones de moins en moins peuplées pouvant conduire à des logements vacants et à une dégradation des infrastructures locales, notamment dans les zones rurales et moins populaires.
Ces problèmes et bien d’autres iront en s’aggravant à mesure que l’espérance de vie se rallonge et que la population vieillit. Les décisions politiques et économiques aujourd’hui et dans les années à venir seront cruciales et devront être suivies de près. Peut-être parviendront-elles à modifier le cours prévu par les projections actuelles de la démographie de la Corée du Sud ?
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Sources :
- (consulté le 23/04/2024). Taux de fécondité. OCDE.
- (consulté le 23/04/2024). Population Division. World Population Prospects 2022. United Nations.
- (consulté le 23/04/2024). KOSTAT (Korea Statistics).
- (consulté le 23/04/2024). KOSIS (Korean Statistical Information Service).
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