Corée du Sud : Mouvement d’Indépendance du 1er mars

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Fête nationale du mouvement d'indépendance du 1er mars 1919
©HeungSoon

En ces temps troublés où près de 10 000 médecins sud-coréens ont démissionné en protestation contre une mesure gouvernementale jugée inutile, la Corée du Sud fête Samiljeol (삼일절) l’anniversaire du Mouvement d’indépendance du 1er mars 1919. D’où vient Samiljeol ? Que fêtent exactement les Coréens lors de cette date anniversaire ? Nous faisons le point pour vous.

Origine de Samiljeol

Durant l’occupation japonaise, le peuple coréen s’était soulevé à l’unisson pour protester contre l’occupation et publier la Déclaration d’indépendance. Du mouvement d’indépendance à sa commémoration.

💡 Un « Mouvement d’indépendance du 1er mars », deux termes :

  • Samil Undong (3·1 운동) est le nom donné au Mouvement d’indépendance du 1er mars 1919.
  • Samiljeol (삼일절) est le nom de la fête nationale coréenne qui commémore le mouvement d’indépendance.
Starbucks propose des produits commémoratifs pour la fête du Mouvement d'indépendance du 1er mars (©Starbucks).
Starbucks propose des produits commémoratifs pour la fête du Mouvement d’indépendance du 1er mars (©Starbucks).

Les débuts du mouvement d’indépendance.

Avant même l’annexion officielle de Joseon par le Japon, ce dernier sévissait déjà en Corée avec une présence de plus en plus oppressante (voir Mr Sunshine, l’histoire vraie derrière le drama). Des premiers groupes de résistants avaient alors vu le jour. Ce qui n’empêcha pas le Japon, en 1910 d’annexer la Corée et d’en faire une colonie. Et rien ne se passait en douceur, l’oppression était de plus en plus forte au point de devenir régulièrement une persécution.

Le développement de la résistance

De 1910 à 1945, le Japon utilisait sa force militaire pour contrôler tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle coréenne. Il réprimait toute forme d’activité anti-japonaise en violant les Droits de l’Homme et en exploitant économiquement le peuple coréen.

En réponse à ces injustices, un mouvement d’indépendance coréen s’était développé à travers trois axes principaux :

  • les mouvements de sociétés secrètes visant à soutenir la guerre d’indépendance ;
  • les mouvements d’éducation et culturels pour renforcer les capacités nationales ;
  • les mouvements de défense des droits des paysans et des travailleurs contre l’exploitation économique japonaise.

1919, une année particulière

En 1919, la Corée était une colonie japonaise depuis neuf années. La Première Guerre mondiale avait pris fin quelques mois auparavant, entraînant un changement du climat politique international. Les principes d’autodétermination* nationale promue par le président américain Woodrow Wilson jouèrent un rôle en influençant la résistance coréenne et en participant à l’émergence du mouvement du 1er mars. Celui-ci était en préparation depuis plusieurs mois.

💡 Autodétermination : pouvoir d’un peuple de déterminer son statut international, politique, administratif.

Un jour, le peuple se soulève

1er mars 1919. Comme prévu, le mouvement indépendantiste débuta simultanément dans six villes, dont Séoul, Pyongyang, Uiji et Seoncheon en résistance à l’oppression et l’exploitation brutales de la Corée par le Japon. À 14 heures, 29 représentants nationaux s’étaient réunis et avaient remis la Déclaration d’indépendance au gouvernement général de Corée. Le lendemain, d’autres villes connurent des manifestations indépendantistes. Après le 10 mars, le mouvement s’était étendu aux régions du centre et du sud de la Corée. Dans les mêmes temps, la police japonaise avait mis aux arrêts de nombreux manifestants, mais le mouvement s’était étendu dans tout le pays tout au long des 2 mois qui ont suivi. Ce fut le plus grand mouvement de résistance nationale pendant la période d’occupation japonaise. C’était aussi le premier grand mouvement d’indépendance des colonies après la Première Guerre mondiale.

Villes participantes au Mouvement d'indépendance de Corée en 1919 et lieux de répressions sévères. (©Doopedia. Traduction ©La Corée en Lumière).
Villes participantes au Mouvement d’indépendance de Corée en 1919 et lieux de répressions sévères. (©Doopedia. Traduction ©La Corée en Lumière).

La répression policière du Japon

Sans pitié, le gouvernement japonais avait réprimé les manifestants par la force et avait commis des actes considérés comme des massacres, y compris des tirs sur les manifestants et de terribles tortures. Les statistiques japonaises de l’époque faisaient état de 7 509 personnes tuées et 15 961 personnes blessées lors de la répression des manifestations. 46 948 personnes ont été arrêtées, de nombreuses maisons, écoles et églises brûlées.

La commémoration du Mouvement d’indépendance du 1er mars

Cette année, nous fêtons le 105anniversaire du Mouvement d’indépendance du 1er mars, aussi connu sous le nom de « 3·1절 » samiljeol. En effet, même lorsque la Corée était encore sous occupation japonaise, le gouvernement provisoire avait désigné, en 1920, le 1er mars comme étant une fête nationale. La cérémonie commémorative du premier anniversaire du Mouvement d’indépendance du 1er mars s’était déroulée en grande pompe au Théâtre olympique de Shanghai. En octobre 1949, après l’indépendance de la Corée, le gouvernement du pays libre réaffirma le 1er mars comme étant fête nationale en mémoire du Mouvement d’indépendance.

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol durant la cérémonie du 105e anniversaire du Mouvement d'indépendance du 1er mars 1919, à Yu Gwan-su, le vendredi 1er mars 2024 (©Yonhap).
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol durant la cérémonie du 105e anniversaire du Mouvement d’indépendance du 1er mars 1919, à Yu Gwan-su, le vendredi 1er mars 2024 (©Yonhap).

De nos jours et dans tout le pays, les Sud-Coréens rendent chaque année un grand hommage aux résistants de l’occupation japonaise. Et de grandes enseignes, comme Starbucks, éditent des produits à l’effigie du Mouvement d’indépendance pour marquer le coup. Le 1er mars est aussi régulièrement l’occasion pour le chef d’État sud-coréen de rappeler le désir d’une « péninsule coréenne libre et unifiée », comme l’a annoncé Yoon Suk-yeol dans son discours durant la cérémonie commémorative au mémorial Yu Gwan-sun (Séoul) le vendredi 1er mars 2024.


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