
Le mois d’août a été marqué par une série d’évènements en Corée du Nord qui ont su attirer l’attention internationale. L’approche du 75e anniversaire de la création du gouvernement de la RPDC, le sommet trilatéral et les exercices militaires dirigés par la Corée du Sud et les États-Unis ont certainement bousculé le régime nord-coréen et son calendrier. Août était donc mouvementé en Corée du Nord.
La Corée du Nord tente de lancer un satellite
On ne peut pas passer à côté de la seconde tentative de l’année de la Corée du Nord à lancer un satellite militaire en orbite terrestre. Une tentative qui ne manque pas de soulever des questions sur les ambitions technologiques et géopolitiques du régime de Pyongyang.

Pourquoi un deuxième essai maintenant ?
Le 24 août 2023 à 3 h 57, les autorités militaires nord-coréennes ont prévenu les journalistes du lancement d’un satellite nommé Malligyong‑1 depuis le site de lancement de Sohae. Dans la matinée du jeudi 24 août, elles avaient déclaré l’échec de ce second lancement de satellite de reconnaissance militaire. C’est le deuxième essai cette année, le premier essai avait déjà échoué fin mai dernier. Cette nouvelle tentative intervient à un moment symbolique, juste avant le 75e anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) le 9 septembre prochain. La date du lancement semblait donc être prévue à l’avance, bien que cet essai coïncide avec un exercice militaire conjoint entre la Corée du Sud et les États-Unis.
Pour certains, le timing de cette tentative de lancement avec d’autres évènements politiques et militaires significatifs soulève des questions sur les motivations réelles derrière ces actions. La crainte d’aller au-delà de simples démonstrations de force persiste.
Limites, ambitions, inquiétude et indifférence : entre paradoxe et vision internationale
Cependant, cet échec peut être une preuve que la Corée du Nord semble faire face à des difficultés à développer ses technologies. Ce qui entre en contradiction avec les ambitions de la Corée du Nord, dont la recherche d’une autarcie absolue et une défense militaire capable de repousser toute agression. Certains experts s’accordent à dire que les compétences technologiques de la RPDC restent limitées. Une réalité qui pourrait influencer la manière dont la communauté internationale évalue la menace que représente le régime nord-coréen.
Par ailleurs, les réactions internationales aux tentatives de lancement de la Corée du Nord sont pour le moins mitigées. Certains y voient une provocation supplémentaire, tandis que d’autres considèrent cela comme un droit souverain du pays. Quelle que soit la perspective, ces actions alimentent les tensions diplomatiques déjà tendues. Pourtant et paradoxalement, le pays s’ouvre à nouveau.
La Corée du Nord ouvre à nouveau ses frontières
La reprise de l’activité commerciale des vols internationaux de la RPDC et la réouverture de ses frontières ont largement marqué le mois d’août 2023. Pour la Corée du Nord aussi la pandémie covid-19 semble s’éloigner.
Air Koryo atterrit à l’étranger à nouveau
L’un des symboles les plus frappants de cette ouverture est la reprise des vols internationaux après trois ans de restrictions imposées par la crise sanitaire covid-19. Le 22 août, un avion commercial d’Air Koryo, la compagnie aérienne nationale de la Corée du Nord, s’est enfin posé sur le tarmac de l’aéroport international de Pékin. Un équipage de Air Koryo s’est ensuite posé sur le sol de Vladivostok le 25 août dernier.

À côté de cela, les citoyens nord-coréens qui séjournaient à l’étranger avaient récemment été autorisés à rentrer chez eux (selon KCNA, l’agence de presse officielle de Pyongyang). D’autres ouvertures à l’étranger se sont opérées. Selon le ministère de l’Unification de Corée du Sud, cela serait motivé par une crise alimentaire et de grandes difficultés économiques.
Les difficultés économiques poussent la RPDC à rouvrir ses frontières
Ces inquiétudes quant à une possible famine et une économie en berne soulèvent des questions sur l’état de l’économie de la Corée du Nord. La crise sanitaire mondiale a touché tout le monde et toutes les économies. La fermeture totale de la RPDC pour limiter la contagion de sa population a eu un impact dévastateur sur l’économie déjà fragile du pays. Des rapports indiquent que le pays pourrait être au bord d’une crise alimentaire. La réouverture des frontières est donc non seulement stratégique, mais aussi vitale.
Le retour des travailleurs nord-coréens à l’étranger

Le 27 août, le régime nord-coréen a levé l’interdiction de retour au pays imposée pour cause de covid-19. Dès le lendemain, plus de 300 travailleurs nord-coréens sont rentrés chez eux en empruntant la route. Une première depuis trois ans et la fermeture des frontières sino-coréennes. Bien d’autres personnes sont revenues en Corée du Nord. Et c’est plutôt une bonne nouvelle pour l’économie du pays. En effet, la RPDC dépend en bonne partie des envois de fonds de ses travailleurs à l’étranger. Souvent employés dans des situations précaires, ils restent malgré tout une source cruciale de devises étrangères pour le régime. Leur retour au pays pourrait être une tentative de stabiliser cette source de revenus, bien qu’une certaine préoccupation existe au sujet de leur bien-être et de leur sécurité.
Kim Jong-un veut préparer son pays contre ses ennemis
Le dirigeant nord-coréen et son gouvernement voient d’un très mauvais œil les agissements de ses voisins sud-coréens et japonais, à commencer par le sommet trilatéral de cet été.

La Corée du Nord s’insurge contre le sommet trilatéral
Kim Jong-un a vivement critiqué le sommet trilatéral entre la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon qui s’est tenu le 18 août en décrivant les dirigeants de Séoul, Tokyo et Washington de « chefs de gang ». Pour les autorités nord-coréennes, cette rencontre n’est rien d’autre qu’une manœuvre visant à isoler davantage la RPDC. Le régime de Kim Jong-un voit dans ce sommet une menace directe à sa souveraineté et une tentative de saper ses efforts pour maintenir la stabilité régionale. Rappelons que pour le régime nord-coréen, le Japon et les États-Unis représentent des ennemis ayant envahi le sol coréen.
La RPDC se prépare contre le pire
Nous connaissons maintenant depuis quelques années la doctrine nucléaire de la Corée du Nord. Le rapprochement de la Corée du Sud avec le Japon et les États-Unis a exacerbé les craintes de Kim Jong-un. Autre facteur aggravant, la Corée du Sud et les États-Unis avaient réalisé des exercices militaires (Ulchi Freedom Shield) du 21 au 25 août. Le dirigeant nord-coréen a alors déclaré que ces exercices constituaient une menace sérieuse et qu’il ne tolérerait pas de telles actions. Pour répondre à la menace du rapprochement trilatéral et des exercices conjoints, le 29 août 2023, Kim Jong-un a supervisé un exercice de commandement militaire simulant une occupation de la Corée du Sud. L’exercice nord-coréen comprenait aussi une simulation de frappes nucléaires sur son voisin du sud. Dans la nuit du 30 août, la Corée du Nord allait plus loin en effectuant « un exercice d’attaque contre le nucléaire stratégique » (KCNA), c’est-à-dire des tirs de missiles balistiques de courte portée (SRBM). Après avoir parcouru 360 km, les missiles ont sombré dans la mer de l’Est. Naturellement, les autorités sud-coréennes ont condamné ces exercices et les ont qualifiées de « provocations graves ».

Nouveau point d’actualité sur la Corée du Nord début octobre.
Sources : The Korea Times, Yonhap News
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