Squid Game, All of us are dead, The Glory, ces noms ne vous disent rien ? C’est assez peu probable ! Les séries coréennes, ou k‑drama (Korean Drama), sont parmi les plus populaires au monde. Les plateformes de visionnage comme Netflix ou Disney+ se livrent à une concurrence féroce pour en décrocher l’exclusivité. Elles ont, en effet, le pouvoir d’attirer les fans comme des mouches et de faire s’envoler les heures de visionnage. Ce succès retentissant est d’autant plus impressionnant quand on connait les débuts de la télévision coréenne. Loin des scénarios innovants et des scènes captivantes, les débuts des k‑drama ressemblaient davantage à du théâtre en direct, scrupuleusement contrôlé par le gouvernement.
Comment en 50 ans, la Corée est parvenue à se faire une place de choix dans le monde des séries malgré les restrictions et le manque de moyens ? Retraçons l’histoire de ce 8ᵉ art que sont les k‑drama.
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Sommaire
- Des premières séries artisanales aux superproductions sponsorisées
- Les plateformes de diffusion de k‑drama
- Les k‑drama : un formidable outil au service de la hallyu
- Les k‑drama qui ont marqué le cœur des Coréens
- L’histoire et l’évolution des k‑drama : ce qu’il faut retenir
Des premières séries artisanales aux superproductions sponsorisées
L’apparition des premiers feuilletons coréens (1960–1970)
De séries hebdomadaires aux séries quotidiennes
Au cours des années 1960, la télévision coréenne se développe et les 3 chaines historiques KBS, TBC ou MBC commencent à diffuser diverses émissions à la télévision. Dès 1962, KBS-TV lance des programmes révolutionnaires pour l’époque, dont le plus célèbre était le « Théâtre du vendredi » (금요극장), plus tard renommé « Théâtre du dimanche » (일요극장), puis « Serial Sageuk » (séries historiques en rafales) (연속사극). Entre 1962 et 1964, la chaine diffusait ainsi des miniséries de 2 à 4 épisodes de 30 à 60 minutes chacun.
Très rapidement, les 3 chaines ont investi en masse pour la production de séries baptisées « ilil yeonsokkeuk » (일일연속극), ou « maeil yeonsokkeuk » (매일 연속극) signifiant « série quotidienne ». On peut parler de la naissance des k‑drama.

Les premiers succès audiovisuels
C’est ainsi que le secteur de l’audiovisuel connait ses premiers succès avec Backstreet of Seoul diffusé en 1962, Sajikgol Old West Room, en 1967, Snowfall en 1968 ou Lovers of the Sun en 1969. Cependant, l’écriture et la diffusion de ces feuilletons étaient étroitement contrôlées par le gouvernement militaire. Il était alors commun que ces programmes familiaux soient utilisés à des fins de propagande politique, comme la lutte anti-communiste. Les thèmes d’écriture étaient ainsi restreints ; c’est pourquoi, les maeil yeonsokkeuk abordaient principalement les préoccupations sociales de l’époque comme les tensions entre la Corée et le Japon et les relations familiales.
L’essor des séries à rallonge (1970–1980)
Les premiers succès
Entre 1970 et 1980, MBC, KBS et TBC se livrent une bataille féroce pour augmenter leur audimat et enchainent les séries à un rythme effréné. Quinze épisodes étaient ainsi diffusés chaque jour pour un total de 200 dramas annuels. Ces k‑drama s’étiraient sur des centaines d’épisodes, quitte à faire tourner l’histoire en rond, mais cela ne semblait pas rebuter les téléspectateurs qui en redemandaient. Certaines productions ont ainsi rencontré un franc succès comme :
- Yeoro (여로) et ses 211 épisodes ;
- Assi (아씨), initialement prévue pour 100 épisodes, étiré à 252 ;
- Husband and Wife Manse (부부만세), 700 épisodes ;
- Susa Banjang ou Chief Detective et son record de 880 diffusés entre 1971 et 1989.

Des soaps aux k‑drama
Cet élan a néanmoins été freiné par le régime autoritaire qui souhaitait voir plus de programmes éducatifs. À partir de 1977, le secteur de l’audiovisuel s’est donc transformé, passant des korean soaps à rallonge à des séries plus courtes, mais impactantes. Conçues autour d’un thème précis, ces nouvelles séries ont marqué un tournant dans le monde de l’audiovisuel. S’éloignant petit à petit des thèmes politiques, les scénaristes ont commencé à s’inspirer des Coréens, de la dure réalité de leur quotidien et de la pauvreté qui sévissait.
L’influence des programmes japonais (1980–1990)
Au début de la décennie suivante, la Corée du Sud s’ouvre à la diffusion de programmes en couleur. L’effet de curiosité aidant, les programmes télévisés ont été davantage suivis, en particulier par les jeunes générations.
Les producteurs décident donc d’en tirer parti et conçoivent des k‑drama plus dynamiques. Des séries plus sérieuses abordant les thèmes des luttes de pouvoir ou de l’urbanisation effrénée du pays voient également le jour. Ce mélange dramatico-romantico-historique, unique en son genre, a alors été baptisé « daehamool » (대하물) et a été le fer de lance des k‑drama (한국드라마).
Les séries des années 1980 sont aussi marquées par les adaptations de feuilletons japonais. Aussi appréciés au pays du matin frais qu’au pays du soleil levant, ces k‑drama ont d’ailleurs été les premiers à être visionnés en dehors des frontières.

Les prémices d’un succès international (1990–2010)
La popularité des k‑drama au Japon
Au début des années 1990, deux événements ont bouleversé le secteur du divertissement : la fin du contrôle gouvernemental et la suspension des demandes de régulations. Les chaines de télévision créent alors de nouveaux dramas plus trendy. Avec leurs visuels impeccables, leurs acteurs tendances et leurs dialogues impactants, ces nouveaux k‑drama ravissent les téléspectateurs. Les thèmes sont alors variés : attentes des nouvelles générations, richesse et pauvreté, histoire nationale, etc. Devant le succès retentissant de certains k‑drama, les producteurs ont l’idée de les exporter à l’étranger, notamment au Japon. Pari gagnant, car le pays a rapidement succombé aux charmes des séries coréennes.
Le début d’un phénomène
Grâce à ce succès, les producteurs investissent en masse pour proposer des contenus toujours plus qualitatifs, à l’image de SandGlass (1995) qui reste le k‑drama le plus suivi de l’histoire coréenne avec une moyenne de 50 % d’audience. Mais ce succès reste anecdotique face aux retentissants Winter Sonata (2002) et Jewel in the Palace (2003). Ces séries romantiques ont définitivement marqué un tournant dans l’histoire des k‑drama et ont contribué à l’expansion de la hallyu (한류, vague culturelle coréenne).
Petit à petit, les k‑séries trouvent un écho à l’étranger grâce aux plateformes de visionnage et aux réseaux sociaux. Les genres s’étoffent alors, allant de la comédie à l’action et du romantisme à l’horreur.

Les k‑drama : un phénomène mondial (2010– ?)
Depuis 2010, les k‑drama ne cessent de faire des émules à travers le monde. D’abord popularisées en Asie, les séries coréennes ont rapidement envahi les écrans internationaux. Ses histoires simples, ses scénarios passionnants, ses acteurs puissants, ses scènes moins provocantes et ses valeurs universelles, trouvent un écho dans toutes les régions du monde.
Désormais, les séries abordent des thèmes variés : histoire, travail, famille, ambitions féminines, éducation, criminalité, politique, légendes, nostalgie, etc. Passée maitre dans l’art de la comédie romantique, alias « rom-com », la Corée du Sud a su imposer sa vision artistique et surpasser les superproductions américaines dans l’esprit de nombreux téléspectateurs. Le savant mélange de valeurs traditionnelles confucianistes et d’individualisme occidental charme la planète.
Les plateformes de diffusion de k‑drama
Depuis le début des années 2000, de plus en plus de plateformes en ligne proposent de visionner des k‑drama. Parmi elles, voici une liste (non exhaustive) des plateformes offrant des sous-titres français :
- Viki ;
- Netflix ;
- Disney + ;
- Prime vidéo ;
- Apple TV.
Si vous souhaitez avoir accès à des contenus plus variés, vous pouvez tenter votre chance sur des plateformes coréennes ou internationales telles que :
Si vous vous abonnez à toutes ces plateformes, vous manquerez clairement de temps pour regarder l’ensemble des k‑drama. En effet, rien que sur Netflix, 34 séries coréennes sont sorties en 2023 !

Les k‑drama : un formidable outil au service de la hallyu
Une fenêtre sur la culture coréenne
Chaque drama est un moyen de raconter l’histoire du pays, de montrer les valeurs qui animent ses habitants ou d’animer des légendes centenaires. Hormis ce pan culturel, les k‑drama sont autant d’occasions de vanter les mérites de la Corée. Paysages, gastronomie, mode, musique, etc. Les k‑drama nous font voyager, rêver, rire et pleurer. Les producteurs savent jouer de la richesse culturelle de leur pays et manipuler les émotions des téléspectateurs pour les tenir en haleine pendant des heures.
Un format inédit
Les k‑drama ont la particularité d’être des séries courtes et impactantes dont les intrigues servent la cause d’un thème central. Généralement, elles comportent 16 épisodes d’une heure environ, mais peuvent monter jusqu’à 20 si la série rencontre un franc succès. Et même plus de 50 épisodes pour les formats familiaux comme Homemade Love Story (오 ! 삼광빌라!).
Si vous avez déjà regardé une série coréenne, vous savez à quel point il est difficile de ne pas enchainer les épisodes. Les scénaristes savent, en effet, comment les terminer pour créer un suspense intenable !

Les k‑drama qui ont marqué le cœur des Coréens
Depuis 1960, la Corée du Sud a produit des milliers de k‑drama. Certains ont été vite oubliés quand d’autres ont profondément marqué les esprits. Que ce soit grâce aux intrigues, aux dialogues ou aux acteurs, les k‑drama romantiques ont connu à franc succès en Corée du Sud et ont largement contribué au rayonnement de la culture coréenne ; en voici quelques-uns :
- Autumn in my heart (2000) ;
- Winter Sonata (2002) ;
- Jewel in the Palace (2003) ;
- Full house (2004) ;
- Boys over flowers (2009) ;
- Secret garden (2010) ;
- The Heirs (2013) ;
- Mon amour venu des étoiles (2013) ;
- Goblin : The Lonely and Great God (2016) ;
- Crash Landing on you (2019) ;
- When The Camellia Blooms (2019) ;
- Extraordinary Attorney Woo (2022) ;
- Our Blues (2022) ;
- J’irai te voir dans ma prochaine vie (2023).

L’histoire et l’évolution des k‑drama : ce qu’il faut retenir
D’abord cantonnées à des feuilletons quotidiens bas de gamme et étroitement surveillés par le gouvernement, les séries coréennes sont progressivement devenues un genre à part entière, plébiscité par des millions de téléspectateurs à travers le monde. Les innovations incessantes des producteurs et des scénaristes ont contribué au développement d’un style unique. Grâce à un savant mélange de culture et de modernité, de romance et d’action, les k‑drama ont su conquérir le cœur de millions de personnes. Faites-vous partie du club ?
Sources :
- « 한국의 텔레비전드라마 » (Téléfilm coréen). 두산백과 (Doopedia). Naver.
- Chung Ah-young (2016). « Drama, a new TV genre with Global Appeal ». Korean Culture and Information Service (KOCIS). Issuu.
- « Where to start with K‑Dramas ». Korean Cultural Centre (한국문화원).
- Elodie Leroy. 2021. « Netflix, Disney+, iQIYI… Les K‑dramas au centre d’une guerre du streaming ». Stellar Sisters.
- autrice : Mathilde Leroy