Metaverse Seoul : un exemple concret de métavers en Corée du Sud 

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Metaverse Seoul, le métavers de la Corée du Sud
Metaverse Seoul (image Metaverse Post)

Le métavers (메타버스) a déjà convaincu les Sud-Coréens, rois de l’innovation technologique en Asie et dans le monde. En effet, en Corée du Sud, le terme « métavers » n’est pas accueilli par une moue dubitative. Et pour cause, à la question « c’est quoi exactement le métavers ? », le gouvernement sud-coréen offre des réponses concrètes en proposant une réplique de la capitale accessible sous forme d’univers numérique 3D. Difficile à imaginer ? Et si vous aviez l’opportunité de vous rendre au service des impôts depuis le confort de votre salon, accepteriez-vous l’invitation à franchir la frontière de Metaverse Seoul ? Nous nous sommes rendus dans ce monde virtuel à la fois extraordinaire et proche du quotidien des Séoulites, afin de comprendre comment la Corée du Sud utilise le métavers.

Qu’est-ce que le métavers ?

Métavers définition simple

Tout d’abord, dit-on metaverse ou métavers ? « Métavers » est le terme français, composé du mot grecque « meta » ( « au-delà » ) et de « vers » pour « univers ». Un « métavers » désigne donc un univers différent du monde physique dans lequel nous vivons. Quant à « metaverse », c’est le terme anglais, utilisé pour la première fois en 1992 par Neal Stephenson, dans son livre de science-fiction Le Samouraï Virtuel.

Alors, le métavers c’est quoi ? C’est un monde virtuel en ligne, dans lequel les utilisateurs, incarnés par un avatar (un personnage virtuel), se rendent via un smartphone ou un ordinateur.

Comment aller dans le métavers ?

On pense automatiquement au métavers Facebook présenté par Mark Zuckerberg comme l’Internet 3D du futur, lorsque le réseau social est devenu Meta en octobre 2021. Pourtant, nous verrons que les cas d’usage sont bien plus variés. Aussi, si l’on imagine souvent devoir porter un casque de réalité virtuelle (VR), en fait, comprendre comment fonctionne le métavers est de plus en plus simple. Aujourd’hui, une application mobile est suffisante. C’est le cas de Metaverse Seoul.

Mais alors, quelle est la différence entre le métavers et l’Internet ? Internet est un réseau informatique mondial accessible au public. Le métavers est un logiciel applicatif qui utilise ce réseau. En revanche, ce monde virtuel est bel et bien différent du Web, le système hypertexte qui nous permet d’accéder à tous les contenus en ligne. En effet, le métavers est plus réaliste que le Web actuel, notamment grâce à la représentation en 2D ou en 3D qui permet aux utilisateurs de se réunir dans un monde virtuel où interagir. Par exemple, organiser une réunion de travail dans un espace virtuel, plutôt que de se limiter à une visioconférence.

Metaverse Seoul : le monde virtuel le plus réaliste

Si vous vous demandez « est-ce que le métavers existe déjà ? », la réponse est oui, et la Corée du Sud s’impose comme figure de proue avec Metaverse Seoul (메타버스 서울). Et pour cause, son cas d’usage concret du méta-univers permet d’y voir plus clair quant aux intérêts de cette innovation technologique.

Une ambition gouvernementale

Le gouvernement métropolitain avait annoncé son ambition de faire de Séoul la première capitale répliquée dans un métavers. Le président de la République de Corée, Yoon Suk-yeol, entend en faire une priorité nationale, en allouant 2 milliards de wons, soit 1,4 million d’euros pour la première phase, puis 1,9 million pour la deuxième phase du projet. Une résolution tenue dès 2022, lors de l’étape d’introduction, puis le 16 février 2023, date de sa mise en ligne.

La technologie utilisée

Au-delà de la volonté d’affirmer une fois de plus la puissance technologique de la Corée du Sud, Metaverse Seoul utilise la réalité étendue pour répondre aux réels besoins de ses 11 millions d’habitants. Il s’agit d’une combinaison entre :

  • réalité augmentée : incruster des éléments virtuels dans le monde physique, au travers d’un écran. 
  • réalité virtuelle : se projeter dans un univers totalement artificiel, souvent à l’aide d’un casque VR (virtual reality). 
  • et réalité mixte : comme son nom l’indique, mêler des éléments concrets du monde réel, à des objets fictifs de l’espace virtuel. 

La réalité étendue (aussi appelée XR pour eXtended Reality) consiste à reproduire une version numérique du monde physique, dans laquelle les utilisateurs peuvent interagir.

Comment la Corée du Sud utilise le métavers ?

Qui utilise le métavers à Séoul (서울, en coréen) ? Tous les citoyens sont invités à franchir la frontière entre la ville réelle et sa réplique virtuelle, en se connectant à l’application. Une fois incarnés en avatar, ils bénéficient de services économiques, culturels, touristiques, éducatifs et civils. Les réponses à la question « pourquoi se rendre dans un métavers ? » sont alors nombreuses.

choisir son univers dans Metaverse Seoul
Étape n°2 : sélectionner le lieu à visiter.

Faire des réunions d’entreprises dans le métavers

Les entreprises, notamment les incubateurs de start-ups sont les premières à offrir leurs services au sein du métavers. C’est le cas de Seoul FinTech Lab et d’Invest Seoul, afin de favoriser le développement de la plateforme Metaverse Seoul qui devrait être achevée en 2026. Les entrepreneurs du pays peuvent également s’y rendre pour bénéficier de conseils et développer leur compagnie.

rencontrer des professionnels dans le métavers
Étape n°3 : se déplacer dans le métavers à l’aide du curseur sur la gauche.

Faciliter les démarches administratives grâce au métavers

Loin d’être réservé à une élite ou aux grandes entreprises, Metaverse Seoul a avant tout été créé pour faciliter les tâches administratives au sein du Metaverse 120 center, où chaque citoyen peut se rendre. On y retrouve également la réplique virtuelle du bureau du maire Oh Se-hoon.

maire de Séoul dans le métavers
À droite, le maire Oh Se-hoon, présent sous forme d’avatar. À gauche, la boîte aux lettres virtuelle dans laquelle chaque citoyen peut soumettre ses suggestions d’améliorations.

Les Séoulites peuvent désormais demander des conseils sur l’imposition dans un bureau virtuel ou déposer une plainte dans le métavers, pour ne citer que des exemples, et ce, sans se rendre sur place.

Faire du tourisme grâce à la réalité virtuelle

Metaverse Seoul, c’est également 10 sites touristiques de la métropole, choisis par un vote des citoyens, accessibles en réalité étendue. On y retrouve :

  • Cheongwadae ou « La Maison Bleue » ;
  • la Lotte Tower ;
  • la N Seoul Tower ;
  • le palais Deoksu ;
  • le palais de Gyeongbok ;
  • le village Hanok de Bukchon ;
  • la Dongdaemun Design Plaza ;
  • la forêt de Séoul ;
  • le fleuve Hangang ;
  • et la place Gwanghwamun.

De quoi voyager au pays du matin frais, et ce, depuis n’importe quel coin du monde, en coréen, mais aussi en anglais, en chinois et en japonais.

Enfin, cerise sur le gâteau : cette innovation high-tech permet de reproduire dans le métavers des sites disparus. C’est le cas de la grande porte Ouest de Séoul (Donuimun, 돈의문) détruite en 1915, et désormais accessible via un espace virtuel.

Se connecter dans le métavers pour apprendre

Le campus virtuel de l’Université nationale de Séoul (서울대학교) est également ouvert aux citoyens. Le métavers accueille donc des cours et des ateliers où tout un chacun peut se rendre et apprendre, quelle que soit sa situation.

Les étudiants de Séoul bénéficient également de rendez-vous de tutorat et d’accompagnement via le métavers. Des cours particuliers en ligne peuvent aussi se dérouler dans le monde virtuel.

Les impacts positifs du méta-univers

Metaverse Seoul participe à faire de la capitale une smartcity. On parle de « ville intelligente » en français, lorsque les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont optimisées pour améliorer la qualité, la performance et l’interactivité des services urbains. Des avancées qui permettent de réduire les coûts et la consommation de ressources, tout en augmentant les contacts entre les citoyens et le gouvernement.

Plus d’équité dans la réalité

En effet, plus qu’une simple simulation de la réalité, cette révolution technologique est un progrès de taille. Par exemple, les personnes malhabiles en public ou à mobilité réduite pour qui se rendre à des rendez-vous sur place est une épreuve, bénéficient de ces services dans le métavers de Séoul. Ces avancées s’inscrivent dans les trois valeurs du code éthique de la plateforme : liberté, inclusion et connexion. Mettre en avant le métavers pour réduire les inégalités est un objectif à envisager.

Dépasser le Web

Metaverse Seoul nous aide donc à percevoir la valeur ajoutée d’un univers immersif. Souvent considéré comme un buzzword, un « mot à la mode », ou réduit à un simple jeu vidéo, le métavers permettrait, d’une certaine façon, de briser la barrière du Web classique.

Encourager la vie en communauté

L’aspect communautaire du Web 3.0 est également un élément de taille. Une fois connecté à Metaverse Seoul, il ne s’agit pas seulement d’aller fouler le parquet du bureau du maire par curiosité. Pour assurer l’amélioration de la plateforme, chaque citoyen a, par exemple, la possibilité de soumettre une proposition d’amélioration. Une boîte aux lettres virtuelle est à leur disposition au sein de l’application. Il suffit de cliquer dessus, puis de taper et envoyer son message. De même, lors de la phase de lancement, ils étaient récompensés lorsqu’ils partageaient des axes d’amélioration. Enfin, les utilisateurs peuvent également se réunir pour jouer, et pour participer à des événements en ligne.

la place de Séoul dans le métavers
La place principale de Séoul où différents rassemblements et activités sont organisés.

Ainsi, se connecter au métavers de Séoul, c’est prendre part à la vie de la capitale, et augmenter les possibilités d’interactions entre les individus, qui vont au-delà des applications de chats instantanés que nous connaissons aujourd’hui.

Les limites des mondes virtuels en ligne

Metaverse Seoul est développé dans le cadre du Digital New Deal, un plan gouvernemental sud-coréen développé en réponse à la pandémie de Covid-19. Le but : digitaliser différents secteurs clés tels que l’éducation et le social, afin de ne pas subir à nouveau les conséquences imposées par la crise, notamment l’isolement et le ralentissement économique. Toutefois, appréhender ce monde virtuel n’est pas anodin. C’est pourquoi cette politique prévoit également d’éduquer les étudiants et les entreprises sur ces sujets. D’autres défis doivent aussi être relevés.

Des améliorations attendues

La réplique 3D de Séoul entend favoriser un monde plus inclusif, en permettant des interactions sociales depuis chez soi grâce aux fonctionnalités actuelles, mais également aux améliorations prévues d’ici 2026. Ce Web du futur est utile, à condition que sa promesse de connexion encore plus rapide avec nos pairs ne nous sépare pas davantage du contact dans la vraie vie.

La réglementation

De plus, qu’en est-il de la réglementation dans le métavers ? Comme toute plateforme en ligne, ce cyberespace doit faire l’objet de régulations, afin d’assurer la sécurité pour ses utilisateurs, et éviter les dérives liées aux plateformes en ligne.

Corée du Sud, leader du métavers grand public

Avec le projet de métavers de Séoul, la Corée du Sud se place comme un leader du métavers grand public et confirme son rôle de pilier incontesté de la tech. Il y a évidemment des points à améliorer. Des améliorations qui devraient survenir d’ici l’aboutissement du projet virtuel en 2026. Cependant, un défi de taille semble avoir été relevé au sein du métavers sud-coréen : proposer une expérience immersive en ligne qui n’implique pas de se désincarner. Au contraire, chacun coexiste physiquement tout en bénéficiant des avantages d’une identité numérique.

Constater ainsi comment la Corée du Sud utilise le métavers pourrait donner de bonnes idées ailleurs, notamment en Europe et en France. On se rend compte que le virtuel du métavers n’est pas totalement artificiel. Au contraire, il s’inscrit dans la vie quotidienne des citoyens, avec des cas d’usages utiles.


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