Bijoux coréens traditionnels : découvrir et acheter

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Bijoux coréens traditionnels à découvrir en urgence !
Joaillerie : Naschenka / Hanbok : WHBK / Photo d'origine : Derek Lee©

Depuis la période Gojoseon (고조선), les bijoux ont toujours occupé une place importante dans le cœur des Coréens. En effet, le choix des métaux, la couleur des pierres, l’utilisation de chaque accessoire, sont autant de critères symbolisant la richesse et la position sociale d’un individu. Au-delà des classiques colliers et autres bracelets, les Coréens ont développé quantité de bijoux traditionnels adaptés à chaque classe sociale et à chaque occasion. Même si plus aucun d’entre eux n’est aujourd’hui porté au quotidien, certains créateurs les réhabilitent et continuent de faire vivre cette culture.

Binyeo, tcheopji, norigae, découvrons ensemble les bijoux coréens traditionnels qui sublimaient les hommes et les femmes de Corée.

L’évolution des bijoux au pays du matin frais

Les premières traces de bijoux en Corée

Bien avant la période des Trois Royaumes (-18 av J.-C./660 après J.-C.), il semble que les Coréens étaient déjà très friands de bijoux et avaient coutume de les porter possiblement comme porte-bonheur. En effet, des archéologues ont retrouvé de nombreux colliers et bracelets faits d’os, de dents d’animaux ou de coquillages. Certains contenaient même des pierres précieuses comme du jade.

Les premières traces de bijoux en Corée
Exemples des premiers bijoux retrouvés en Corée – Âge du Bronze ou du Fer ©Blog Naver

Le développement d’un art

C’est au cours de la période des Trois Royaumes et de Goryeo (660/1392) que les bijoux ont réellement commencé à se développer. On parle dès lors de jangsingu (장신구). Confectionnés à base d’argent, de jade, d’or ou de verre, ces bijoux coréens se diversifient. Des ornements spécifiques sont même créés pour magnifier hommes et femmes dans certaines étapes dans leur vie, comme le mariage.

De plus, les bijoux traditionnels revêtaient une grande importance, car ils étaient une manière d’afficher son statut social, sa réussite professionnelle ou son accomplissement personnel. Colliers, bracelets, bagues, épingles à cheveux, boucles d’oreilles, accessoires, etc., une grande majorité de Coréens, nobles et roturiers possédait alors au moins un bijou qu’il utilisait au quotidien.

De son côté, le royaume de Silla est particulièrement connu pour la forte présence de bijoux en or.

Bijoux de la période Silla en Corée
Bijoux portés durant l’ère des Trois Royaumes par les membres de la famille royale de Silla ©Blog Naver

Le symbolisme caché des bijoux coréens traditionnels

De tout temps, les Coréens ont toujours accordé des pouvoirs à certaines personnes, objets ou pierres. C’est pourquoi, le choix des bijoux pouvait être motivé par d’autres raisons que leur beauté. En effet, on raconte que : 

  • les os de tigre protègent des mauvais esprits ; 
  • le jade éloigne les maladies ; 
  • l’or permet offre la longévité ; 
  • l’argent solidifie un couple, etc.
Bijoux réalisés durant l’ère Goryeo
Bijoux réalisés durant l’ère Goryeo ©KLCA

Les bijoux coréens traditionnels sous l’ère Joseon

Quelques siècles plus tard, les artisans bijoutiers de Joseon (1392–1910) ont dû adapter leurs produits en raison de pénuries et de restrictions. Les matériaux précieux comme l’or et l’argent étaient alors réservés aux nobles et à la famille royale. Les roturiers, quant à eux, se contentaient de bijoux faits d’ambre, d’ivoire ou de corail. Durant cette période, les jangsingu ont été divisés en deux catégories : ceux dédiés aux femmes et ceux réservés aux hommes. À cette période, les ornements utilisés étaient tout aussi importants que pendant les dynasties précédentes. Aussi, le choix des matériaux, des formes et des couleurs variait selon le message que souhaitait véhiculer son propriétaire.

Ensemble de bijoux portés par les femmes durant l’ère Joseon
Ensemble de bijoux portés par les femmes durant l’ère Joseon ©Blog Naver

Les bijoux coréens traditionnels pour les femmes

Bijoux traditionnels coréens pour les femmes
Bijoux féminins les plus courants durant la dynastie Joseon ©한국학중앙연구원

Les binyeo (비녀)

Le binyeo est une épingle à cheveux traditionnelle utilisée pour maintenir le chignon des femmes mariées. Les matériaux, les décorations et la taille de l’épingle varient en fonction du statut social de sa propriétaire et de l’occasion. Aussi, les binyeo faits d’or, d’argent et de pierres précieuses étaient portées par les yangban (nobles) et la famille royale ; tandis que celles réalisées à base de bambou ou d’os étaient portées par les roturières. On distingue ainsi quatre grands types de binyeo.

Binyeo
Binyeo ©malttugiidanggii
  • le minbinyeo (민비녀), épingle simple, sans décoration, dont l’extrémité est sculptée en angle ;
  • le tugakjam (투각잠), épingle la plus courante dont l’extrémité est joliment sculptée et décorée de pierres précieuses ou de perles ;
  • le yongjam (용잠), binyeo porté par la reine au quotidien et par les nobles le jour de leur mariage ;
  • le bonghwang (봉황), épingle dont l’extrémité représente un dragon volant. Elle était portée par les femmes de la famille royale pour les grandes occasions.
Yongjam et de bonghwang
Exemple de yongjam et de bonghwang ©Blog Naver

Les dwikkoji (뒤꽂이)

Les dwikkoji sont des épingles à cheveux, bien plus petites que les binyeo. Elles sont toutes richement décorées de motifs floraux et se portent dans de grandes coiffes, pour embellir un chignon ou une tresse. Les dwikkoji (뒤꽂이) étaient réservés à la famille royale et aux nobles.

Moon Chae Won dans le drama The Princess Man portant des dwikkoji et un tcheopji
Moon Chae Won dans le drama The Princess Man portant des dwikkoji et un tcheopji.

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Le tteoljam (떨잠)

Le tteoljam est également une épingle à cheveux, mais plus courte que le dwikkoji. Il s’agit d’une plaque de jade ronde ou carrée sur laquelle sont apposées de nombreuses décorations en or, en perles ou en corail. Le tout repose sur un petit pic qui se fixe, le plus souvent, dans d’imposantes et lourdes coiffes, nommées gatche (가체).

Les femmes en portaient souvent trois, une au centre, une à droite et une à gauche. Les tteoljam étaient réservés à la famille royale, aux nobles et à quelques riches gisaeng (courtisanes).

Femmes portant des tteoljam dans le drama Ladies of the Palace
Femmes portant des tteoljam dans le drama Ladies of the Palace ©Dailymotion

Le tcheopji (첩지)

Le tcheopji est, lui aussi, un ornement qui sert à sublimer une coiffure. Cet accessoire se compose d’un bijou entouré de deux mèches de cheveux. Les mèches se fixaient dans la nuque, ce qui laissait croire que le bijou tenait comme par magie sur le sommet de la tête. Ce bijou traditionnel coréen peut avoir plusieurs formes : longiligne, rond au carré. Il est toujours décoré d’une petite sculpture d’or ou d’argent (et de quelques pierres précieuses). Le tcheopji n’était utilisé par les yangban que lors des mariages ou des grandes cérémonies. En revanche, il était utilisé au quotidien par les femmes de la famille royale

Coiffure traditionnelle durant l’époque Joseon ©채박사전통꾸밈머리연구소

Le norigae (노리개)

Le norigae est une décoration faite de fil de soie emmêlée pour former un élégant maedup. À ces nœuds coréens traditionnels étaient ajoutés des petits bijoux ou des perles. Cet ornement était ensuite suspendu au nœud du jeogori du hanbok (veste de la tenue traditionnelle coréenne), aux eunjangdo (couteau de poche), aux buchae (éventail traditionnel coréen) et aux instruments de musique. 

Norigae avec des bijoux en forme de fleur
Norigae avec des bijoux en forme de fleur ©leesle

Le eunjangdo (은장도)

Difficile ici de considérer ce couteau de poche, appelé eunjangdo, comme un bijou. Et pourtant, ce joli canif de luxe, fait d’argent, d’or ou de laiton, était un accessoire très précieux, tant d’un point de vue esthétique que défensif. D’abord utilisé pour couper les aliments ou divers objets, les matériaux utilisés pour sa fabrication sont devenus plus onéreux, ce qui l’a rendu très luxueux, jusqu’à l’élever au rang d’accessoire-bijou.

Couteau de poche, ou eunjangdo, décoré pour les femmes
Couteau de poche, ou eunjangdo, décoré pour les femmes ©Blog Naver

Les différents bijoux coréens traditionnels pour les hommes

Bijoux masculins les plus courants durant la dynastie Joseon ©한국학중앙연구원

Le manggeon (망건)

Un manggeon se portait sur la tête pour empêcher les cheveux de tomber dans les yeux. Il était fixé par deux gwanja (관자) au niveau des tempes. Ces perles plates, dont le matériau pouvait varier de l’os à l’or, reflétaient le statut social de son propriétaire. Un tanggeon (탕건) était ensuite placé par-dessus le chignon et fixé sur le manggeon. Les hommes agrémentaient enfin le tout d’un couvre-chef appelé jangjagwan (장자관) à l’intérieur et d’un chapeau nommé gat (갓) à l’extérieur.

Park Bo-gum portant un manggeon, un tanggeon dans Love in the Moonlight
Park Bo-gum portant un manggeon, un tanggeon dans Love in the Moonlight

Le gatkeun (갓끈)

Le gatkkeun est une longue ficelle similaire à un collier, qui décore le chapeau traditionnel coréen appelé gat (갓). Là aussi, les matériaux, les couleurs des pierres et leur forme dévoilaient la position sociale de celui qui le portait. 

Cha Eun-woo portant un gat agrémenté d’un joli gatkkeun dans A rookie historian
Cha Eun-woo portant un gat agrémenté d’un joli gatkkeun dans A rookie historian

Le eunjangdo (은장도)

À l’instar des femmes, les hommes arboraient souvent un eunjangdo. La version masculine était plus anguleuse et sobre pour symboliser la force et le courage. Ce somptueux ornement pouvait être offert en guise de récompense par un souverain tant qu’il était considéré comme luxueux.

Eujangdo pour hommes
©한국의 전통장신구

Le buchae (부채)

Encore plus luxueux que le couteau de poche, l’éventail coréen, ou buchae, était considéré comme un objet haut de gamme, valant plus cher qu’un sac de riz. Très populaire, cet accessoire a connu plusieurs versions. La forme la plus plébiscitée par les yangban était sans conteste l’éventail pliable. Celui-ci pouvait être peint et décoré de norigae. Pas un jour ne se passait sans qu’un homme noble de Joseon ne sorte sans son buchae.

Min Nam-koong dans My Dearest
Min Nam-koong dans My Dearest utilisant un buchae
Vidéo récapitulative de l’ensemble des bijoux coréens traditionnels ©한국학중앙연구원

Les bijoux coréens traditionnels aujourd’hui

Depuis quelques années, certains créateurs revisitent les bijoux traditionnels coréens. En imitant d’anciens motifs inspirés de la nature ou reproduisant des symboles graphiques typiques, les artisans parviennent à créer des bijoux contemporains dans l’air du temps. En dignes héritiers des jangsingu, ces bijoux sont souvent complexes, colorés et réalisés dans des matériaux bruts comme le jade ou la nacre, voire l’argent ou l’or. Si vous souhaitez vous en procurer, sachez qu’il y en a pour tous les goûts : du modèle ultra-chic réalisé entièrement à la main par un grand artisan, ou des modèles plus modestes surfant sur la vague de la hallyu.

©galerienoelguyomarch

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Norigae de la maison ©Naschenka.
Norigae de la maison ©Naschenka.

Les bijoux coréens : une longue tradition

Depuis la nuit des temps, les Coréens portent des bijoux. D’abord considérés comme des talismans, ils sont progressivement devenus des ornements luxueux. De la délicatesse des bijoux traditionnels féminins à la sobriété des ornements masculins, chaque pièce était le reflet d’un statut social, professionnel ou d’une grande richesse. Aujourd’hui relégués au rang de patrimoine culturel, ces bijoux coréens traditionnels incarnent la splendeur d’un autre temps. Des accessoires qui n’en finissent pas de nous faire rêver.

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