L’histoire de Samsung : roi de la tech en Corée du Sud et dans le monde entier

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Histoire de Salsung
Le drapeau Samsung dressé à côté du drapeau sud-coréen, représentant l'importance de l'entreprise dans le pays. (photo Jung Yeon-je)

Si l’on vous dit « Samsung », vous répondez smartphone, télé, ou tout autre appareil électronique, n’est-ce pas ? Et pour cause, il y a de fortes chances que la marque sud-coréenne ait une place au sein de votre foyer. Pourtant, lors de sa création en 1938, la société a débuté très loin des écrans et ne laissait pas présager un tel rayonnement. Alors, comment une entreprise née dans un pays assiégé est devenue le moteur de l’économie sud-coréenne, puis un leader mondial au succès vertigineux ? Voici la fabuleuse histoire de Samsung, roi de la tech.

Présentation de l’entreprise Samsung

Samsung : l’origine du nom

Samsung (삼성), signifie « trois étoiles » en hangeul. Le chiffre 3 représente la grandeur, et les étoiles l’éternité. Une image qui annonce l’ambition de la marque, et que l’on retrouve dans son slogan « Do what you can’t » ( « Réalise l’impossible » en français). C’est un défi que son fondateur Lee Byung-chul (이병철), dont le nom scintille bel et bien dans le monde entier aujourd’hui, a relevé haut la main. 

D’ailleurs, si les astres n’apparaissent plus sur le logo, ils étaient bien présents jusqu’en 1980, avant de laisser place à la forme ovale bleu roi en 1993, puis à une écriture encore plus sobre. Une apparente simplicité qui recouvre pourtant de nombreuses prouesses.

Évolution du logo Samsung au fil des années (source : 1min30.com).
Évolution du logo Samsung au fil des années (source : 1min30.com).

Et si d’aventure, vous vous disiez qu’il n’y a pas de quoi en faire une affaire d’État, poursuivez votre lecture. En effet, le gouvernement sud-coréen a bel et bien un rôle à jouer dans l’ascension des entreprises du pays.

La marque la plus connue de Corée du Sud

Pour mieux comprendre le destin de Samsung, il faut connaître le contexte historique dans lequel la marque a vu le jour. L’histoire de la Corée du Sud a en effet influencé les nombreuses voies empruntées par la multinationale. De fait, avant de s’ériger comme le plus grand fabricant de smartphones, l’entreprise a agi comme le principal architecte de la nation.

Le créateur de Samsung, Lee Byung-chul, est né en 1910, sous l’occupation japonaise. L’annexion de la Corée du Sud par le Japon a duré 35 ans, et fut synonyme de violences, d’humiliation et d’exploitation du peuple coréen. Pour arriver à ses fins, l’Empire japonais a non seulement assiégé le pays, mais l’a également industrialisé. Une modernisation forcée que Lee Byung-chul a décidé d’exploiter en faveur de son pays.

Lee Byung-chul, fondateur de Samsung (archives de Samsung Electronics).
Lee Byung-chul, fondateur de Samsung (archives de Samsung Electronics).

Les débuts de l’histoire de la marque : loin des écrans

1938 : Samsung, une épicerie locale

Le 1er mars 1938, alors que le Japon est encore présent en Corée, Lee, âgé de 28 ans, entend libérer son pays de l’extrême dépendance établie par l’Empire japonais. Pour cela, il crée Samsung Sanghoe, à Daegu (대구), ville du sud-est. À la fois commerce alimentaire et société de négoce, l’entreprise vend des produits locaux et assure le transport de marchandises vers la Chine. 

Au risque d’entretenir le cliché de l’entrepreneur devenu milliardaire après avoir débuté dans son garage, le jeune Coréen a tout de même lancé son activité avec 25 $ en poche.

8 ans plus tard, alors que le Japon s’était retiré de la péninsule, les hostilités ont repris sur le territoire asiatique, cette fois avec la Guerre de Corée du 25 juin 1950 au 27 juillet 1953. Ce conflit majeur de la Guerre froide a forcé la modeste entreprise à fermer ses portes. Toutefois, Lee Byung-chul, lui, n’avait pas dit son dernier mot.

1953 : prendre le monopole pour se défaire des puissances étrangères

La guerre est terminée, les États-Unis sont repartis, laissant un pays divisé en deux. La Corée du Sud doit se reconstruire et s’assurer qu’un tel désastre ne se reproduira plus.

Dès lors, il n’est plus seulement question de vendre des produits locaux, mais bel et bien de s’émanciper des importations afin de développer sa propre économie, notamment via les exportations. Le fondateur de Samsung ouvre alors la sucrerie CheilJedang* en 1953, puis la filature de laine Cheil Wool Textile Company en 1954, devenue Cheil Industries. Ces deux activités bien distinctes, sans rapport avec l’électronique, représentent toutefois les premiers pas de la marque dans l’ingénierie.

Logo de CheilJedang CJ, source : CJ.
Logo de CheilJedang CJ, source : CJ.

*💡 제일제당, entreprise alimentaire maintenant connue sous le sigle CJ. Elle est devenue un véritable mastodonte dans le domaine alimentaire et sa marque Bibigo est mondialement connue.

De fil en aiguille, Lee Byung-chul a ensuite multiplié les rachats d’entreprises. Avant de devenir le géant de la tech, Samsung s’est imposé comme le plus grand investisseur national, pour assurer la croissance de nombreux secteurs du pays, nécessaires à son développement. 

Parmi les rachats qui renforcent la place de Samsung dans l’économie sud-coréenne, on peut noter celui de l’assurance Ankuk Fire & Marine Insurance, devenue Samsung Fire & Marine Insurance (SFMI) en 1993. Les années 1960 sont également marquées par des rachats de sociétés en tout genre telles que des fabriques de ciment, de fertilisants et des raffineries d’huile.  

1969 : Samsung Electric Industries

1970 : la première télévision Samsung

D’entrepreneur local à la tête d’une sucrerie, à PDG du groupe Samsung et de ses nombreuses filiales, Lee Byung-chul continue de suivre les mutations globales et de les implémenter en Corée du Sud. Les révolutions technologiques n’ont pas fait exception. On peut même dire que ce sont bel et bien les prouesses high-tech qui ont forgé la réputation du pays. Et, c’est Samsung qui a ouvert le bal.  

Alors que le petit écran s’installe doucement dans les foyers du monde entier, la marque créée son premier téléviseur noir et blanc. C’est un succès qui se vend mieux que ceux de ses concurrents japonais. Une revanche qui suit son cours.

La première télévision créée par Samsung (source : Quora)

Le mastodonte asiatique ne s’arrête pas aux téléviseurs et impose son savoir-faire en électroménager et en produits high-tech via ses filiales Samsung Electronics Devices et Samsung Electro-Mechanics

Alors que l’entreprise est née en 1938 pour s’extirper du joug d’une puissance étrangère, presque 40 ans plus tard, la tendance s’inverse. C’est désormais au tour du géant sud-coréen d’exporter son génie par-delà la mer jaune et la mer de l’Est. En Europe et aux États-Unis, son excellence ne cesse de croître, jusqu’à devenir inratable.

1980 : le roi de la tech assiège le marché des télécommunications

Nous y sommes, Samsung s’impose dans le domaine dans lequel la marque aux 3 étoiles rayonne toujours actuellement. Si les smartphones sont encore loin à cette époque, Samsung s’impose d’ores et déjà dans le secteur du matériel informatique, des standards téléphoniques, des premiers téléphones et des fax.

Le premier ordinateur Samsung (source : The Korea Times)

L’innovation technologique au cœur de l’histoire de Samsung

Samsung Electronics pour devenir leader mondial

Suite au décès du créateur de Samsung en 1987, son fils Lee Kun-hee (이 건희) reprend l’affaire familiale. Ce dernier met l’accent sur la recherche et le développement de l’électronique, de l’ingénierie, de la construction et des produits de haute technologie. 

En se concentrant sur les technologies de pointe dans les années 1990, Samsung produit ses propres composants et devient indispensable auprès d’autres marques. C’est la condition sine qua non pour s’imposer comme leader au siècle suivant. Le pari est réussi, puisque Samsung, née avec l’ambition de toucher les étoiles, est désormais reconnue pour sa gamme emblématique de smartphones Galaxy, lancée en 2009. 

D’ailleurs, quel pays fabrique les appareils Samsung ? Les téléphones sont essentiellement fabriqués dans la région asiatique au Vietnam, en Inde, en Indonésie et en Corée du Sud, plus une exception faite avec le Brésil.

Samsung Semiconductor : le groupe continue d’emprunter toutes les voies

D’abord une entreprise à taille humaine de négoce et de livraison se limitant à la Chine, Samsung est devenue une importante société qui s’impose comme un maillon indispensable de la chaîne économique. Sa filiale dédiée au secteur de l’automobile Samsung Semiconductor and Telecommunications participe à cette conquête, tout comme Samsung Motors, devenu Renault Korea Motors (Renault Samsung Motors avant) depuis sa reprise en 2000.

D’ailleurs, lorsque Samsung n’est pas en train de sillonner les routes du monde entier, c’est dans les airs que la marque sud-coréenne s’élève, non seulement en développant des réacteurs aériens, mais aussi en construisant les gratte-ciel les plus hauts du monde. En effet, le Burj Khalifa à Dubaï aux Émirats arabes unis, et la tour Taipei 101 à Taiwan sont bel et bien signés Samsung C&T Corporation.

Et si vous vous demandiez où est basé Samsung aujourd’hui, la réponse est : au sein même du complexe éponyme, Samsung Seocho Town (서초 삼성타운), où le siège social a élu domicile, dans le sud de Séoul. Considérer la marque comme l’un des architectes majeurs de la réussite sud-coréenne ne serait donc pas un abus de langage ! 

Samsung Seocho Town, à Séoul (Photo de Vivek Agrawal).
Samsung Seocho Town, à Séoul (Photo de Vivek Agrawal).

Comment Samsung est devenu le roi de la tech

Des politiques gouvernementales en faveur du monopole

On vous le disait, le groupe Samsung est, à certains égards, une affaire d’État. Rappelons que son fondateur a créé la marque pour favoriser la reconstruction économique du pays. En 1961, presque 30 ans après la naissance de la marque, Park Chung-hee (박정희) impose un gouvernement autoritaire lors d’un Coup d’État. Le nouveau président entend redynamiser l’économie nationale, et adopte des mesures d’aide au développement des entreprises, dont Samsung bénéficie. 

Aux aides financières de l’État, s’ajoutent des politiques protectionnistes de limitation de la concurrence. Parmi celles-ci, l’interdiction de vendre des appareils électroniques japonais sur le marché coréen. Le message est clair : l’Empire japonais ne sera plus autorisé à entraver l’ascension du pays.

Le plus gros chaebol de Corée du Sud

Le terme chaebol (재벌) désigne un conglomérat industriel contrôlé par une famille sud-coréenne. Le monopole que ces familles détiennent sur leurs industries respectives leur permet d’influencer les législations du pays, facilitant leur croissance et assurant leur apanage. 

Alors, si vous vous demandiez « qui est Samsung ? », vous savez désormais qu’il ne s’agit pas d’une seule personne, mais bien d’une entreprise familiale, la plus influente du pays. En effet, la marque phare de Corée du Sud représente pas moins de 20 % du PIB national. Un chiffre qui explique en partie pourquoi Samsung est intouchable en Corée du Sud selon Hardisk dans cette vidéo :

L’histoire de Samsung : une conquête sans fin

S’il est facile de naviguer sur les smartphones de la marque, il est toutefois plus complexe de s’y retrouver parmi les multiples filiales du groupe. Et pour cause, depuis les conflits au milieu desquels elle a vu le jour, Samsung a su se relever, et s’imposer sur tous les fronts. Avant de passer d’une modeste épicerie, à constructeur de moteurs d’avions, le roi de la tech s’est invité dans chaque foyer via l’électroménager, et s’est subtilement fait une place dans nos mains, avec ses puces électroniques.    

Aujourd’hui, son rayonnement s’étend au-delà de la Corée du Sud et ne se limite pas aux Galaxys que nous connaissons tous. Sous cette partie émergée de l’iceberg bel et bien ancré dans les eaux asiatiques, l’épopée Samsung se poursuit désormais avec Lee Jae-yong (이재용), fils de Lee Kun-hee. Même si cette dynastie a régulièrement des démêlés avec la justice, comme la demande de prison pour le PDG de Samsung, elle n’a pas dit son dernier mot.

Si, quant à vous, vous souhaitez davantage de matière sur le sujet, le livre L’empire Samsung : les secrets de la réussite par Byung-wan Kim devrait étancher votre soif ! 

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