
Le hanbok, véritable trésor culturel, est un vêtement traditionnel coréen porté par tout un peuple pendant près de deux millénaires. Véritable pilier de la culture du pays du matin frais (traduction de Joseon l’ancien nom de cette nation), le hanbok a su s’adapter aux modes pour traverser les époques. Cette tradition vestimentaire, l’une des plus anciennes au monde, est aujourd’hui une source de fierté nationale et occupe une place privilégiée dans l’histoire du pays.
Comment cette tradition s’est-elle initiée ?
Quelles sont les pièces qui le composent ?
Les Coréens continuent-ils de le porter ?
Découvrons ensemble l’histoire et les détails de ce vêtement traditionnel coréen.
L’histoire du hanbok en Corée
Un vêtement importé par les peuples nomades indo-européens
Entre le VIIe et le IIIe siècle avant notre ère, une grande partie des pays d’Europe orientale était occupée par des peuples nomades appelés Scythes. Leur influence s’étendait alors des montagnes de l’Atlas à celles de l’Oural, jusqu’à la Chine centrale. Leurs us et coutumes ainsi que leurs habitudes vestimentaires ont ainsi été transmis à des milliers d’hommes et de femmes au fil des siècles. Particulièrement mobiles, les Scythes étaient l’un des premiers peuples à adopter l’usage des pantalons qu’ils portaient avec une tunique et quelques accessoires.
Petit à petit, les peuples chinois se sont emparés de ces vêtements et les ont adaptés à leurs mœurs. Rapidement, ces pièces ont également conquis la péninsule coréenne. De fait, les Coréens se les sont appropriés et les ont façonnés à leur image durant l’ère Goguryeo (-37/+668). Cette époque marque ainsi les débuts de la longue tradition vestimentaire du hanbok (한복).
L’essor du hanbok dans la péninsule coréenne
En quelques années, le port du hanbok s’est imposé dans tout le pays. Le vêtement traditionnel coréen se composait alors d’une veste et d’un pantalon pour les hommes et pour les femmes une jupe remplaçait le pantalon. Compte tenu du temps de confection et du coup de chaque pièce, les vêtements étaient très simples et principalement blancs.
Cependant, au XIVe siècle, un envoyé coréen du nom de Mun Ik-jeom a commencé à importer du coton de Chine. Grâce à ce nouveau matériau simple à travailler, les artisans ont augmenté leur production et varié les styles. Au fil des décennies, ce vêtement s’est transformé et adapté aux spécificités de la société coréenne. Ainsi, de nouvelles pièces, ornements et accessoires ont vu le jour. Tous, du roi à l’esclave, portent alors ce vêtement traditionnel coréen pendant plus de 1 600 ans.

Le déclin du vêtement traditionnel coréen
Plusieurs siècles durant, les nombreuses invasions et guerres n’ont pas affaibli l’identité du pays qui a su conserver ses coutumes et sa culture. Mais, au cours du XXe siècle, la colonisation japonaise, la guerre de Corée et l’arrivée massive d’Occidentaux ont eu raison du folklore vestimentaire coréen.
En quelques années le port du hanbok a en effet progressivement décliné pour totalement disparaitre à la fin du siècle, au profit des tenues occidentales. Le vêtement traditionnel coréen n’est alors de sortie que pour certaines occasions. Néanmoins, à l’aube du XXIe siècle, les Coréens semblent bien décidés à réhabiliter ce vêtement historique. Ainsi, certains stylistes le modernisent et proposent des vêtements revisités qui connaissent un franc succès.
Les différents vêtements du hanbok féminin

Chima, jupe traditionnelle coréenne et pièce élégante féminine
Durant plusieurs siècles, la mode était à une silhouette en forme de « A ». Le haut du corps de ces dames devait donc être fin et les rondeurs s’accentuer à partir de la taille. Pour ce faire, les femmes portaient une jupe appelée chima (치마) agrémentée de fronces, nommées chima juleum (치마 주름), et portée au-dessus d’un baji (바지).
La chima était relativement longue et devait arriver a minima au niveau des chevilles. Cette grande pièce de tissu était alors enroulée autour de la taille de sa propriétaire et attachée par deux rubans. Au XVIIIe siècle, cette jupe a été pourvue de bretelles pour un meilleur maintien. Ce vêtement traditionnel coréen était considéré comme une pièce maitresse pour créer une silhouette féminine et élégante.

Les différentes formes de chima
La majorité des chima était unie, cependant il convenait de porter un modèle plus élaboré lors de certaines cérémonies. Il existait ainsi deux types principaux de jupe traditionnelle :
- seuranchima (스란치마), ornée d’une rangée de motifs au-dessus de l’ourlet ;

- daeranchima (대란치마), décorée de deux rangées de motifs au bas du vêtement et composée d’une couche de tissu supplémentaire autour du genou pour l’étoffer.

Jeogori, le haut traditionnel coréen
Les différentes parties du jeogori
Le jeogori (저고리) est le haut visible du hanbok. Il est porté par les hommes comme par les femmes. Bien sûr, les modèles varient selon le genre. Pour les femmes, le vêtement est traditionnellement court (comme un top court). Cette pièce traditionnelle est l’une des plus codifiées et est composée de parties bien distinctes :
- dongjeong (동정), sous-col ;
- git (깃), col ;
- seop (섶), extension du col ;
- goleum (고름), ruban ;
- gil (길), partie centrale ;
- somae (소매), manche ;
- somae buli (소매 부리) ou kkeutdong (끝동), ourlet de manche ;
- baerae (배래), arrondi de manche.

Chaque zone pouvait faire l’objet d’une modification selon les modes ou les exigences sociales. D’ailleurs, le jeogori est le vêtement qui a subi le plus de transformations au fil des siècles. Initialement taillé pour arriver aux hanches, sa taille s’est progressivement raccourcie, ses manches se sont arrondies et son git s’est parfois allongé pour se fondre avec le seop.
Les différents types de jeogori
Le jeogori était un vêtement très important. Grâce à son style, ses ornements et sa couleur, sa propriétaire pouvait afficher sa condition sociale et familiale. Elle pouvait ainsi opter pour l’un des cinq jeogori de base :
- min jeogori (민 저고리), veste courte, unie, légère et adaptée à un usage quotidien ;

- jeoksam (적삼), identique au min jeogori avec un tissu léger, adapté à la période estivale ;
- jeogori banhoijang (반회장 저고리), veste unie aux git, kkeutdong et goreum contrastants ;

- jeogori samhoijang (삼회장 저고리), veste unie aux git, kkeutdong, goreum et baerae contrastants ;

- saekdong jeogori (색동 저고리), veste au gil uni contrastant avec la multitude de couleurs affichées sur les manches.

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Les différentes pièces du hanbok pour les hommes
Baji, le pantalon traditionnel du hanbok
Le baji (바지), pantalon traditionnel coréen, est conçu symétriquement avec une inclinaison de la couture centrale pour favoriser le confort et la mobilité de son utilisateur. Il est fixé à la taille par une ceinture de tissu appelée eolikkeun (허리끈) et maintenu aux chevilles par deux daenim (대님).
Dans les archives de la dynastie Joseon (1392–1910), les baji sont décrits sous différents noms tels que dango (단고), ou hok (혹). Leur appellation variait en fonction de la couleur du tissu, de la méthode de couture ou de la présence de broderies, mais le nom le plus courant est resté celui de baji.

Jeogori, le haut du hanbok
Le haut du hanbok masculin est aussi appelé jeogori (저고리), mais la pièce est plus longue que celui des femmes et recouvre tout le buste. Pour les hommes ce vêtement était moins élaboré et a connu peu de changements, car il est placé sous un gilet sans manches appelé baeja (배자). Les manches du jeogori masculin sont restées très droites et sa longueur sensiblement la même, à la taille. De même, il était très majoritairement uni avec un git blanc, long et biaisé.
Durant les mois d’été, ces messieurs pouvaient également porter des jeoksam, plus confortables. Les membres de la famille royale se distinguaient, quant à eux, par leurs somptueux vêtements traditionnels et leurs bijoux d’or et de jade.

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Le hanbok pour enfant
Les pièces composant le hanbok pour enfant sont les mêmes que celles pour les adultes, à savoir le jeogori, la chima ou le baji. La particularité est que les vêtements pour enfants de moins de sept ans ont souvent des manches striées de bandes multicolores : rouge, bleu, jaune, blanc et noir. Cet aspect appelé saekdongot (색동옷) est appliqué depuis la période Goryeo (918‑1392) sur le jeogori et les nombreuses vestes additionnelles.

L’évolution du vêtement traditionnel coréen
Le hanbok à l’époque des Trois Royaumes
L’époque des Trois Royaumes (-57/+668) a vu la naissance et la diffusion du hanbok. Chaque pièce le composant était alors unie. On parlait de :
- yu pour faire référence au jeogori ;
- de go pour parler du baji ;
- et de sang pour la chima.
Initialement, le côté gauche du yu se fermait sur le côté droit. Ce vêtement possédait des manches étroites et atteignait la taille pour les hommes comme pour les femmes.
Sous l’influence de la Chine, le sens de fermeture s’est inversé, puis les manches des jeogori féminins se sont arrondis et la longueur s’est raccourcie. La longueur de la sang, quant à elle, variait selon la classe sociale de sa propriétaire. Ainsi, les femmes du peuple optaient pour une jupe arrivant au niveau des chevilles, quand les femmes aisées choisissaient des modèles dissimulant leurs pieds. Enfin, le go était très ample pour permettre une grande fluidité dans les mouvements.

Le vêtement traditionnel coréen sous l’ère Goryeo
La mode vestimentaire coréenne a été grandement influencée par son voisin chinois. En effet, durant l’ère Goryeo (918‑1392), la Corée est devenue un vassal de la dynastie mongole des Yuan. À ce titre, le peuple coréen a adopté le style vestimentaire mongol. Les vêtements étaient alors dépourvus d’extravagances et de décorations. Aussi, les jeogori courts gagnèrent en popularité grâce à l’influence des princesses mongoles.
En 1352, le roi Kongmin (1330–1374) a cependant promulgué l’interdiction des vêtements mongols dans la péninsule. Les artisans ont donc laissé libre cours à leur imagination, ce qui a engendré un développement textile sans précédent dans toute la péninsule.

Le hanbok durant la période Joseon
La période Joseon (1392–1910) a été l’une des plus fastes pour le développement culturel coréen. Avec la promulgation du confucianisme comme idéologie dominante, les femmes ont été contraintes, dans un premier temps, de se couvrir le visage en sortant de chez elles, de porter des jeogori plus longs et des chima très amples.
Cependant, à partir du XVIe siècle, les réglementations se sont assouplies, permettant aux femmes de raccourcir leur veste qui est alors passée de la taille au haut des côtes. Les jupes, quant à elles, ont commencé à être équipées de bretelles pour une plus grande liberté de mouvement. Les Coréens ont également créé de multiples vêtements traditionnels, accessoires et bijoux pour accompagner et sublimer chaque événement.

Les particularités du hanbok moderne
Le XXe siècle marque un tournant dans le style vestimentaire des Coréens. En effet, le hanbok est progressivement délaissé au profit des tenues occidentales (양복).
Même si certains irréductibles ont continué de porter des vêtements traditionnels au quotidien, force est de constater que depuis 1980, le hanbok a complètement disparu des espaces publics. Vous pensez que cette longue tradition était terminée ?
La Corée n’était pas prête à se séparer de l’un de ses emblèmes. Aussi, le 21 octobre 1996, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a attiré les projecteurs sur ce vêtement unique à l’occasion du Hanbok Wear Day. Depuis lors, de nombreux stylistes revisitent ce vêtement traditionnel coréen en mélangeant les styles. Ainsi, ils proposent des pièces modernes et décontractées, inspirées du hanbok traditionnel de Joseon.

Quand les Coréens portent-ils le hanbok ?
Au moment où cet article est écrit, les Coréens ne portent plus le hanbok au quotidien depuis plusieurs décennies. Il reste néanmoins porté lors de fêtes traditionnelles comme Chuseok (la fête des moissons) ou Seollal (le nouvel an coréen). Il est également courant de porter un vêtement traditionnel pour certaines célébrations, considérées comme des rites de passage, telles que :
- baegil (백일), fête célébrant les 100 premiers jours d’un enfant ;
- dol (돌), premier anniversaire ;
- gyeoronsik (결혼식), cérémonie de mariage ;
- pyebaek (폐백), visite aux parents après le mariage.

L’avenir du vêtement traditionnel coréen
Le hanbok est le reflet de l’histoire et de la culture coréenne. Son style, sa forme et ses couleurs ont beaucoup évolué au fil des années. En ce début de XXIe siècle, le hanbok continue d’être réinterprété pour s’adapter à la société tout en conservant ses éléments intemporels. Néanmoins, cette tradition se perd progressivement, car de moins en moins de Coréens portent un hanbok lors de fêtes traditionnelles ou de cérémonies familiales. Paradoxalement, les pièces inspirées du vêtement traditionnel coréen font de plus en plus d’émules et les touristes se pressent dans les boutiques spécialisées pour acheter cet habit traditionnel en guise de souvenir.
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- Le vêtement traditionnel coréen : hanbok (한복)
Sources consultés en septembre 2023 :
- Jo Hong-sik et al. (2010). 우리 한복, 곱게 바르게 (Notre Hanbok, magnifiquement et correctement). Dans, 매듭의 여왕 묶음의 달인. Yejowon. Naver.
- Song In-young et al. (2015). 한복 (Hanbok). Dans, 한국사 사전 2 – 역사 사건 · 문화와 사상. Des enfants avec des livres 책과함께어린이. Naver.
- 시대 따라 멋 따라 눈부신 우리 옷 (Nos vêtements sont éblouissants et à la mode selon les époques). K‑Gonggam.
- 한복 (Hanbok). 한국민족문화대백과 (Encyclopédie de la culture nationale coréenne). Naver.
- 바지 (Baji). 한국민족문화대백과 (Encyclopédie de la culture nationale coréenne). Naver.
- 한복의 역사 (Histoire du hanbok). Doopedia. Naver.
- 한복 (Hanbok). Wikipedia Korea.
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